Des jours j’ai le plus beau métier du monde. J’ai la chance de rencontrer des gens chaque jour et de vivre avec eux le plus extraordinaire moment de leur vie. Je rencontre ces femmes qui viennent donner la vie. Des femmes qui viennent recevoir la plus ensorcelée des flèches de Cupidon, celle qui te rentre dans le cœur pour le changer à jamais, pour le remplir d’un amour jamais connu, plus grand et plus fort que l’univers… Chaque jour, je vois ce changement s’effectuer, de femme à mère pour celles qui nous visitent pour la première fois et le cœur toujours plus grand à la naissance de chacun de leurs nouveaux amours…

Puis il y a de ces nuits, celles qu’on ne souhaite à personne, où le meilleur travail du monde en prend pour son rhume et malgré qu’il reste tout aussi intense et important, il devient le travail le plus injuste de la Terre… Il y a ces nuits où j’ai l’impression que le monde a momentanément arrêté de tourner, quand malgré mes recherches, le bruit de son petit cœur n’a jamais résonné…

Il y a de ces jours où malgré que tout semblait se présenter comme il le fallait, le vent a tourné pour faire place à l’orage… On parlera d’anomalies, un généticien trouvera ou pas la cause… Le cœur en miettes, la tête ailleurs, elles chercheront une raison, un pourquoi qui parfois ne viendra jamais.

Il y a ces jours où cette maman savait que les choses n’allaient pas. Ces fois-là, je les reconnais avant même qu’elles n’ouvrent la bouche… Je le vois à leurs traits, à ces larmes qu’elles retiennent et au regard inquiet qu’elles jettent aux alentours.

Alors qu’elles voulaient rencontrer l’amour d’une vie et se prendre la flèche de Cupidon droit au cœur, elles viennent dire adieu à celui qui a ensoleillé leurs derniers mois dans un moment passé trop vite … C’est le cœur pris d’un tourbillon d’émotions aussi intenses que l’orage, d’un amour aussi puissant et lumineux que l’éclair, qu’elles aiment celui qui est et ne sera plus, le tenant pour une longue première et dernière fois. Il n’aura connu que la chaleur d’une mère, la voix aimante de son père et parfois les cris de joie d’une fratrie déjà éprise pour lui avant de partir aussi vite qu’il n’est venu.

C’est changées à jamais que je vois ces femmes repartir… Oui, le temps atténuera la douleur. Mais il restera toujours cette cicatrice, celle de la flèche de Cupidon qui a transpercé leur cœur laissant la marque d’un amour intense, celle qui te rentre dans le cœur pour le changer à jamais, pour le remplir d’un amour jamais connu, plus grand et plus fort que l’univers…

À toutes ces mamans que j’ai vu changer devant moi, sachez que vous m’avez changée aussi et que je suis une meilleure personne et une meilleure infirmière grâce à vous. xxx

5 responses to “La flèche de cupidon

  1. Merci pour ce magnifique texte... il m’a touché droit au coeur 💓. Je fais parti de ces mamans et il est bon magique de se rendre compte que vous voyez ce que très peu de gens voit... ce fameux changement qui s’opère en nous suite au départ de notre ange...

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