Maman, papa….

Il y a eu de grands changements dans nos vies depuis quelque temps. Si je vous écris, c’est que je ne trouve pas l’occasion, le temps, le courage de vous parler directement. Je sais que vous trouvez la vie plus difficile maintenant que vous êtes chacun de votre côté, depuis que vous vous êtes séparés. Moi aussi je trouve ca difficile, vous savez.

Maman, je te vois souvent pleurer le soir dans ta chambre. Tu penses que je dors, mais moi aussi j’ai du mal à trouver le sommeil. Il y a tous ces nouveaux bruits auxquels je ne me suis pas encore habituée. Je ne suis pas certaine d’aimer le nouveau quartier et je sais que toi non plus. Il y a les voitures qui passent juste en bas de la fenêtre de ma chambre et j’entends les gens crier dans la rue à la fermeture des bars. Je sais bien que dans les circonstances, tu as dû prendre ce qu’il y avait de disponible et que tu déménageras dans un nouvel endroit dès que tu en auras la chance.

Papa, tu as choisi de te rapprocher de ton travail. Je suis contente pour toi, tu sais. Ca faisait longtemps que tu disais que tu étais tanné de voyager soirs et matins dans le trafic. Mais pour moi, c’est plus compliqué. Hier, tu n’étais pas content que je rentre si tard de l’école. Je n’ai pas encore l’habitude de devoir prendre l’autobus de la ville pour me déplacer. Dans la routine de ma journée, je n’ai pas vu l’heure et je n’ai pas eu le temps de me rendre à l’arrêt à temps. J’ai dû attendre l’autobus suivant. Ça me stresse de ne connaitre personne et je n’ai pas encore trouvé de repères pour me sécuriser pendant le trajet jusqu’à chez toi.

Svp, faites attention quand vous parlez au téléphone avec vos amis ou votre famille. Vous parlez souvent trop fort et je vous entends dire du mal de l’autre. Vous parlez de vos soucis de logement, de voisins, de travail, mais surtout à quel point c’est difficile de vivre avec seulement un salaire. Vous dites souvent à quel point l’autre est irresponsable ou encore à quel point vous êtes content de ne plus être ensemble. J’ai même entendu l’un d’entre vous dire que vous n’auriez jamais dû être ensemble au départ, que ca aurait évité bien des choses. Vous n’avez pas idée de comment je me sens ensuite devant vous avec ce que j’ai entendu et que je dois garder secret.

Moi, quand j’entends ça, je me dis parfois si vous auriez été mieux sans moi. Que si je n’étais jamais née, vous seriez peut-être encore ensemble… Au début de votre séparation, vous me demandiez parfois comment je me sentais, comment je vivais ça. Au début c’était ok. Mais plus maintenant…

Je trouve difficile de ne pas avoir de chez moi. Pensez-y. Je ne suis pas chez moi, je suis soit chez ma mère, soit chez mon père… Jamais chez moi. Parfois, j’aurais envie de parler avec l’un de vous, de me confier spontanément comme j’en avais l’habitude avant. Mais je sais que par exemple, si je suis supposée être chez papa, maman se sera surement organisée quelque chose et que je dérangerai ses projets ou vice versa. Maintenant, quand je veux être avec l’un de vous deux, je dois demander la permission et je vois bien que ça ne fait pas toujours votre affaire. Parfois, j’ai même l’impression de déranger, de m’imposer.

Avant, nous avions notre vie ensemble, notre vie à trois. Maintenant vous avez vos vies, chacun de votre côté. Et moi, j’ai la mienne. En fait j’ai les miennes. J’ai une vie chez ma maman et une vie chez mon papa.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Homepage