Hi! My name is Charlie! I have nine years old and I speak English!

Je suis parfois fière et parfois gênée de dire que je suis bilingue.

- « Sans blague ! » me direz-vous.

- « Tu ne devrais pas être gênée ma chérie. Au contraire, tu es choyée d’être bilingue ! »

Ah oui ?

Et si à cette affirmation s’ajoutait cette explication :  mes parents sont séparés et l’anglais est la langue maternelle de mon père et le français celle de ma mère. Auriez-vous la même réaction ?  

Il m’arrive de ressentir de la gêne et de la fierté dans d’autres contextes que celui-ci. Par exemple, lorsque je nomme que j’ai deux maisons, que j’ai deux fêtes d’anniversaire, que j’ai deux lits, que j’ai deux chambres, etc. Je vous explique, l’émotion de gêne prend souvent naissance à travers les réactions des adultes vis-à-vis mes affirmations et l’émotion de fierté survient lorsque je parle aux enfants et que je perçois dans leurs yeux de « l’envie ».  

Souvenez-vous, lors de votre passage en maternelle, un des premiers apprentissages que vous deviez réaliser était de mémoriser votre adresse.

Si vous aviez vu le malaise de l’enseignante face à ma situation « COMPLEXE » !?! Quelle adresse dois-je lui faire apprendre ? Pour quel « parti » dois-je prendre  (mom or dad)?

Vous voulez que je vous le dise, ce que MOI j’en pense et comment MOI je le vis…

Je ne comprends pas pourquoi les gens posent ce regard de pitié sur moi lorsque je parle de mon statut « d’enfant séparé ». Ils me regardent comme si je venais de leur dire : « Mes parents ne M’aiment pas! » Pourtant ce que je leur dis c’est : « Mes parents ne S’aiment plus! ».

Vous savez, je suis heureuse, je suis épanouie et je suis choyée de vivre dans ces deux univers distincts remplis d’amour.

La seule chose qui me rend triste, c’est de savoir que mes parents « s’auto-flagelle » et qu’ils croient qu’ils auraient pu m’offrir « mieux ».

À mon âge, je n’ai pas la maturité ni la capacité d’expliquer à mes parents comment je me sens dans toute cette situation. Par contre, si j’en avais la chance, voilà ce que je leur dirais :

• « Papa, cesse de te sentir ingrat, égoïste ou méchant, tu m’aimes et tu respectes les gens que j’aime c’est tout ce qui compte ! »

• « Maman, cesse de douter de tes choix et de te culpabiliser. Sans toi, la vie serait morose et je ne serais pas si heureuse ! » .

Vous savez ce qui est le plus important ? C’est que peu importe avec qui je me trouve, que ce soit chez ma maman ou chez mon Daddy, l’un comme l’autre, me permettent, m’incitent et me laissent aimer le parent « absent ». Ma vie est belle, car peu importe où je me trouve, je me sens libre d’être aimée et d’aimer en retour.

• « I know, I'm also really lucky because my parents and stepparents have a good relationship”.

Malgré la nature humaine qui opte souvent pour la rancune et la chicane lors de séparations, mes parents ont décidé de faire autrement, ils ont opté pour mon bonheur. Cependant, je n’ai pas la chance de leur dire tout cela car je suis encore trop jeune.  Et si je pouvais, mon message ne s’adresserait pas seulement à mes parents. Si je pouvais, je m’adresserais aussi à la « société » et voilà ce que je lui dirais :

• « Pourquoi l’image de la famille « parfaite » doit être représentée sous une seule forme ? »

Parce qu’à mes yeux à mes yeux à moi, « the perfect family », se compose entre autres de Daddy et Manon. Sans oublier le cadeau merveilleux qu’ils se sont fait cette année, ils ont eu un bébé, mon petit frère. Je suis tellement fière. Daddy aussi est fier. Il a partagé ce moment de bonheur avec ma maman, il lui a envoyé une photo du bébé et de moi. Elle était si contente pour moi. Mais ma famille ne serait pas complète sans maman et John (et oui, maman a un amoureux qui parle anglais !). Avec eux, je passe mes matinées collées dans le lit, nous faisons des pique-niques et nous voyageons. L’autre jour Daddy m’a dit : « tu es très chanceuse car moi je n’ai jamais visité la Jamaïque ! ».

En conclusion, le plus beau dans tout ça ce n’est pas que je parle l’anglais et le français. Le plus beau dans tout ça c’est que lorsque je m’endors dans mon lit  sur la rue Carbonne ou dans mon lit sur la rue Latour, je m’endors toujours heureuse et comblée.

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