Vendredi soir.

Il revient chaque semaine. Cette soirée où je décroche de ma vie plate, de ma routine, de mon ordinaire.

Un verre de rouge, de la musique beaucoup trop forte et tous mes vêtements étalés sur le lit. Je choisis une robe courte. Trop courte, dirait mon père. Elle est simple, elle est noire. Trop noire, dirait ma mère. Je remplis de nouveau mon verre. Je prends une douche bien chaude et je me crème odeur de bonbons. Trop sucrée, dirait ma sœur. J'enfile ma robe, bien moulante, bien décolletée. Elle ne va pas à des funérailles ce soir, dirait le pape !

Je coiffe à peine mes longs cheveux blonds, je maquille mes yeux, mais surtout mes lèvres. Il est 22 h. J'ai ma carte de débit, j'ai mon cellulaire. Je me dirige vers le bar.

Un Rhum & Coke, de la musique beaucoup trop forte et plein de beaux gars. Trop beaux, me dirait ma meilleure amie. Je danse, je jase et je bois. Je danse beaucoup. Je bois beaucoup. Je décompresse, j'oublie, je m'évade.

Il est 1 h 30. Il est tard, j'ai faim et je sens l'alcool. Mes yeux se démaquillent et mes longs cheveux blonds se décoiffent. Il est temps d'appeler le taxi, de grignoter et de me coucher. Je cherche mon cellulaire, j'accroche mon verre de rhum et un joli garçon au passage. Je suis gênée. J'ai les joues rouges. Il me sourit. Je ne le connais pas, je l'ai peut-être déjà croisé, mais mon taux d'alcoolémie me l'a fait oublier. Ses yeux me parlent, les miens leur répondent.

Mon cœur bat rapidement. Trop vite, dirait mon médecin. Je suis énervée, excitée. On quitte ensemble sans en avoir parlé. Aucun mot n'est dit durant le trajet. J'ouvre la porte de mon appartement. Je tremble un peu. Trop, me dirait un sismographe. Je prends longtemps à la refermer. Je vérifie, il est encore là, dans mon chez moi.

Il est 2 h. Il m'embrasse. Il goûte bon. Il m'embrasse encore plus. Trop, me dirait sœur Françoise. J'ai des frissons qui traversent tout mon corps. Je ne le connais pas. Je ne sais pas son nom. Il est beau. J'enlève ses vêtements, doucement. Il retire les miens, lentement. On se découvre, on s'apprivoise avec le bout des doigts.

Son souffle chaud dans mon cou, mon cœur froid contre le sien. Nos corps fonctionnent bien ensemble. On se fait plaisir jusqu'aux petites heures du matin. Trop, diraient mes voisins.

Il est 7 h. Il remet son t-shirt, je choisis une camisole. On ne parle pas. On est bien, on est calme. Il est doux, il est sexy. Je bois un grand verre d'eau, il m'embrasse sur le front. Son taxi est là, il ouvre la porte, me regarde dans le fond des yeux et quitte. Trop tôt, me dirait Cupidon.

C'est samedi. Hier, j'ai bu des rhums & coke et j'ai eu un one night. Mon premier, mon dernier. Pas assez, me dirait mon corps.

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