Lorsque mon premier garçon est né, ce fut extrêmement difficile. Je crois que je n’étais pas prête. Je sais qu’on ne l’est jamais vraiment, mais bon.
Après avoir été provoquée, rien ne s’est passé comme sur des roulettes. Rien. Au point où, lorsqu’il est finalement sorti, on me l’a enlevé. Il faisait de la fièvre et on l’a tout de suite amené en soins intermédiaires pour l’examiner, le brancher et lui administrer des antibiotiques, puisque rester trop longtemps en-dedans, la poche des eaux crevée, une petite bactérie a réussi à l’atteindre et il a eu une infection.
Évidemment, papa a suivi et je me suis retrouvée seule, dans mon lit d’hôpital dans ma chambre de naissance. Il n’y avait plus un son. Je venais de vivre les 26 heures les plus troublantes, éreintantes, épuisantes et épeurantes de ma vie… et je me retrouvais complètement seule, le ventre vide, plus de repères : pas de chum, pas de bébé et ma mère, qui avait assisté, était partie. Ça m’a frappée d’un coup : il arrive quand le coup de foudre, quand à peine bébé sorti, on me laisse complètement seule?
Malheureusement, jamais je ne pourrai dire que j’ai aimé mon premier enfant la seconde où il est né. Je ne l’ai revu que 3 heures après sa naissance et ce fut compliqué, il avait besoin de soins. Et moi, nouvelle maman qui voulait apprivoiser son nouveau rôle, je ne savais pas où était ma place parmi toutes ces belles abeilles-infirmières (et une chance qu’elles étaient là!) Je me disais : « ça ira mieux à la maison, attends d’être rentrée à la maison. »
Sauf qu’à la maison, c’est l’adrénaline qui est tombée et le baby blues qui m’a frappée en pleine face. J’étais sur le pilote automatique, épuisée, le bébé ou le tire-lait constamment branchés… et je me posais sincèrement la question : «mais pourquoi ai-je tant voulu ça?»
Ça a pris 6 semaines. Au bout de cette période, je l’avais dans les bras et je m’apprêtais à l’allaiter. Encore. On ne parle pas de la poussée de croissance de 6 semaines. Pour moi, elle a été pire que celle du 3 mois… Mais, elle a été magique : il a contrôlé son mouvement pour une des premières fois de sa courte vie. Il a lâché mon sein, a tourné la tête, m’a regardée et a souri. Ce n’était pas son premier sourire… mais c’en était un juste pour moi. Ça m’a prise d’un coup. C’est arrivé tellement vite. Tellement fort. Tellement que ça m’a presque fait mal : l’amour. Solide, puissant, assez pour soulever toutes les montagnes du monde. J’ai enfin compris de quoi parlaient ces mères depuis toutes ces années. Le fameux « quand ça va t’arriver, tu vas le savoir! »
J’ai su. Plus tard que ce que j’aurais vraiment voulu, mais, j’ai su. Et je sais depuis presque 6 ans déjà. Avec le recul, si on me proposait de revivre ce moment, je n’en changerais pas une seconde (ou très, très peu, maudit que ça fait mal accoucher !!!), parce que c’est notre histoire et ça a formé l’extraordinaire enfant qu’est Fiston #1.
Lorsqu’est venu le temps de rencontrer mon deuxième, j’ai eu peur. Peur que ça recommence. Cependant, l’accouchement a été complètement différent, un accouchement de conte de fée et un bébé en parfaite santé qu’on a laissé sur moi des heures et des heures suivant son arrivée. Et c’est là que j’ai compris le fameux lien d’attachement. Je l’ai vécu, le fameux coup de foudre dès la première seconde. L’explosion de bonheur. Même avec le baby blues, même avec l’adrénaline qui tombe. Ça m’a fait aimer mon premier encore plus. C'’est là que ça m’a encore une fois frappée en pleine face : que c’est donc merveilleux être maman!
À toi qui se reconnait dans ce texte et qui se demande si elle devrait en avoir un autre, par peur que ce soit pareil… J’ai envie de te dire d’y aller. Parce que je sais qu’on te l’a déjà dit des milliers de fois, mais il n’y en a pas un de pareil et l’amour ça ne se divise pas, ça se multiplie. On me le disait à moi aussi et je me retenais. Mais maintenant, je sais qu’ils avaient raison. Je sais. Vas-y!