J’ai écrit un texte dernièrement, qui se voulait humoristique. C’était sur des tout petits, petits irritants de rien du tout que j’ai caricaturés, grossis pour la satire, pour rire… Je me disais que ça allait en faire sourire quelques-unes qui ont vécu le même hiver que moi et que les autres allaient voir le deuxième degré. Eh bien, non…
Plusieurs lectrices ici même ont vu que je me plaignais le ventre plein, qu’il y avait pire dans la vie. Que mon plus grand était un enfant roi mal élevé qui devait comprendre qu’on n’a pas tout cuit dans le bec.
Et là, j’ai compris le grand mystère de la communication. Mon texte, par les gens qui ne me connaissent pas, a été mal perçu parce que je l’ai écrit pour les gens qui me connaissent. Ceux qui ne me connaissent pas ne peuvent pas savoir que je suis toujours dans l’extrapolation, dans l’exagération quand je raconte mes petites anecdotes du quotidien. Ils ne connaissent pas ma tendance à caricaturer pour faire rire ma famille et mes amis. Mon contenu a mal passé parce que mon contenant n’était pas adapté.
Mea culpa. Je n’ai pas de jumeaux, de triplés, d’enfants malades. Mes soucis financiers ne sont probablement rien comparés à ceux des parents monoparentaux. Je suis bien entourée, j’ai un bon réseau. Mon chum est extraordinaire. C’est un père aimant, impliqué, qui fait en sorte que c’est vraiment 50-50 chez moi dans la répartition des tâches et de la maudite charge mentale.
Je suis une privilégiée et j’en suis pleinement consciente et extrêmement reconnaissante.
Je comprends celles et ceux qui se plaignent de l’ère des « mères indignes » « à boute » « qui disent les vraies affaires… » qui présentent la maternité comme quelque chose d’épouvantablement difficile TOUT LE TEMPS. Je comprends ceux et celles qui se plaignent des « mères parfaites » qui présentent la maternité comme quelque chose d’extrêmement gratifiant, valorisant tout en ordre et tout blanc TOUT LE TEMPS… Et si c’était quelque chose comme entre les deux?
Ce ne sont que des parcelles de notre vie que nous exposons, des parcelles de notre personnalité, des parcelles de nos réalités. Ce qui dérange peut-être, c’est qu’on ne pourra jamais en exposer l’entièreté. Qu’une vue d’ensemble est impossible. Et qu’empêcher les gens de juger est pratiquement irréalisable… Plus facile d’empêcher le soleil de briller, je crois bien…
Il y aura toujours pire, il y aura toujours mieux.
Ça fait que j’ai décidé d’assumer parce que je connais ma réalité en entier. Que je suis une bonne mère, que je fais du bon boulot et que j’aime ça être maman avec tous les petits travers. Et que j’assume chaque mot, chaque virgule de tous mes textes. Que j’ai du plaisir à collaborer à ce beau mouvement qu’est Maman Caféine et que si seulement une fille, une femme, une maman derrière son écran a souri, ri, soupiré de soulagement ou s’est dit : « Ben coudonc, je ne suis pas toute seule, je ne suis pas LA seule… », n’en déplaise à tous ceux et celles qui pensent que j’ai un enfant roi et que je suis une princesse… j’aurai fait ma job!