On a beau rager contre le père et la belle-mère de cette fillette de Granby dont on ne connait pas le nom, reste que c’est la même histoire qui recommence sans cesse… On oublie vite dans le tourbillon de nos vies, mais il y a eu Anne-Sophie et Olivier en 2009 tués par un père supposé les aimer. Il y a eu la petite Rosalie dont le sort de la mère n’est toujours pas fixé malgré des faits évidents… Il y a eu Lorélie, Loïc et Annabelle dont la maman, Sonia Blanchette, a fini par mourir d’une grève de la faim avant de connaitre le dénouement de son procès… On parle 6 à 8 enfants tués par un membre de la famille par année au Québec selon les dernières statistiques.

Si on ne change rien, ce sont malheureusement plus de noms qui s’ajouteront à cette triste liste d’enfants qu’on aurait dû voir mais qui seront restés invisibles… Pourquoi dénoncer est-il si tabou? Pourquoi les signaux d’alarmes sont-ils mis en sourdine par une société trop occupée pour aider une enfant qui se nourrit dans les poubelles du voisinage?

Il faut cesser de croire qu’une dénonciation est mal… Si tout va bien, la DPJ ne fera qu’une brève intervention, une travailleuse sociale donnera des outils et le dossier sera fermé… Il faut changer de vision, modifier sa pensée, on n’est plus à l’école primaire. Dénoncer, c’est aider un enfant et non pas «stooler» un parent. La DPJ est là pour protéger ces enfants et non pas pour détruire des parents.

Il faut repenser socialement notre manière d’intervenir et de percevoir. Un parent qui a besoin d’aide de la DPJ n’est pas un parent qui a échoué, mais celui qui en a besoin et qui n’accepte pas l’aide, oui. J’aimerais dire à ceux qui ont accès à ces enfants, professeurs, tantes, oncles, grands-parents, amis de la famille, qu'une plainte est anonyme et personne ne dévoilera votre nom.

Dans presque tous les cas d’infanticides, on a pu parler de problèmes de santé mentale et de problèmes sociaux économiques. Dans presque tous les cas, on aurait pu éviter la tragédie.

À long terme, l’éducation est la clé dans bien des cas, l’éducation scolaire oui, mais aussi citoyenne et parentale. On prend des cours pour l’accouchement, alors que la suite est bien plus longue et plus difficile… Élever un enfant avec du soutien pourrait peut-être sauver des vies, pas juste ces enfants qui sont décédés, mais aussi tous ceux écorchés par une vie trop dure pour un gamin, qui deviennent au final des adultes un peu amochés, ballottés par le système comme une mitaine qui finit dans le bac d’objets perdus.

Servons-nous de notre expérience collective pour changer les choses. N’oublions pas ces enfants et essayons de leur faire honneur. Cessons de croire qu’un parent biologique a plus d’impact qu’un parent sain sans lien génétique. Choisissons celui qui saura favoriser un développement personnel normal, un sentiment de sécurité et qui aidera à construire un estime de soi qui brisera peut-être le cycle de la violence. Parlons plus du droit des enfants et moins de ceux des parents. Cessons de vénérer les liens du sang à tout prix et parlons donc d’amour!

L’histoire sans fin doit se finir, cher Monsieur Legault, on fait quoi maintenant?

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