J’ai envie de parler de celles dont on ne parle pas beaucoup. Par tabou, par honte, par peur d’admettre notre déclin, notre échec, voire notre naïveté. J’ai envie de les remercier, de les aduler, de les supplier de rester près de moi encore quelque temps.

                  Je vais vous épargner les détails du pourquoi et du comment j’ai dû m’y rendre, parce que ce serait beaucoup trop de détails tristes et personnels. Le fait est qu'après une séparation douloureuse, j’ai été accueillie dans une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, avec mes trois garçons âgés de 5, 4 et 2 ans.

                  Je m’y suis rendue à reculons. J’avais peur de beaucoup de choses. Qu’on me juge mal peut-être !? Maintenant, je sais que ça signifiait ma douleur. Ça me rappelait que l’amour me faisait mal et que c’était la dernière étape. Ça frappait ma fierté.

J’avais passé la semaine en cavale entre chez mon père et chez mon frère en ne me sentant chez moi nulle part, en trouvant que je dérangeais. Que mes enfants étaient trop turbulents pour tout le monde qui voulait m’aider. Mais je croyais aussi que cette maison n’était pas plus ma place, malgré les conseils de mes amies, des policiers, de mon avocate. Parce que moi, effectivement, je n’étais pas de « ces femmes-là ». J’aurais tant voulu qu’il y ait une meilleure solution. Mais, je m’y suis rendue, parce que je ne savais plus où aller. J’ai sorti juste quelques petits sacs « parce que je vais juste rester 2-3 jours ». J’y suis restée 2 mois.

                  On ne m’a pas frappée. Je suis une maman équilibrée, éduquée, intelligente et une éducatrice diplômée. Par contre, on m’a fait mal dans ma tête, dans mon être, dans mon intégrité, dans mon estime, dans mes capacités et dans ma crédibilité. Ça aussi, ça compte. Je ne savais pas à quel point j’en étais victime et blessée, jusqu’à ce que ces femmes m’accueillent, m’écoutent et m’éduquent sur la situation. Ce sont d’elles dont j’ai envie de parler. Celles qui m’ont tenue par la main pour que je marche droit devant et que je prenne les bonnes décisions pour mes enfants et moi dans un moment critique de ma vie.

                  De l’autre côté de cette porte, je me suis sentie chez moi. On m’a respectée. Je me suis sentie soutenue dans mes décisions, dans ma discipline face à mes enfants et dans mes capacités. Elles m’ont écoutée, puis elles m’ont appuyée. Elles ont apaisé TOUTES mes inquiétudes. Elles m’ont acceptée, elles ne m’ont pas jugée. Elles m’ont permis de prendre conscience de ce que j’avais le droit de vivre. De ma liberté. Elles ont pris soin de mes enfants quelques heures quand je n’avais plus la force. Quand je n’avais même plus la force de prendre soin de moi. Elles ont pris soin de mon cœur quand j’ai cru qu’il allait éclater. Elles ont pris soin de ma tête quand j’ai cru que c’était ma faute. Elles m’ont guidée quand je ne connaissais plus le chemin à prendre. Tranquillement, elles m’ont aidée à construire un cocon plus solide. Elles m’ont aidée à façonner mes ailes, puis à y mettre ma propre couleur. Tranquillement, je me suis retrouvée. Je me suis rappelé qui j’étais avant. J’ai réussi à me redonner ma propre importance au-delà de la maman et la « conjointe » que j’étais. J’ai remis mon nom sur la map. J’ai repris ma vie en mains.

                  Et puis quand je me suis sentie prête à partir, elles ont soufflé doucement pour que je prenne mon envol. J’avais fortifié mon âme et c’était grâce à leur soutien.

                  Aujourd’hui, je suis chez moi et j’ai parfois besoin d’elles encore. Elles me répondent avec la même compréhension. Il y a de ces femmes dans la vie qui font du bien. Ce sont elles qui m’ont tenu la main. Merci.

Anonyme

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Homepage