J’ai toujours aimé ma corde à linge. J’aime l’odeur que l’air, le vent doux et la chaleur du soleil laissent sur les tissus. C’est en suspendant les vêtements de mes enfants que cette activité a pris un tout autre sens : celui d’observer le temps.

Je vois l’évolution des époques entre les vêtements donnés, qui ont vu bien des bambins avant les miens, et ceux achetés au goût du jour à l’occasion. Ça ne change pas pour le pire en tous les cas! C’est quand même fou de penser à la vie de vieux vêtements et à quel point ils arrivent à durer dans le temps. Ça les rend franchement uniques et porteurs d’une époque que l’on perd petit à petit.

Je vois aussi à quel point mes enfants grandissent et ce n’est pas par déni mais bien parce que je ne note pas au millimètre près l’évolution de ma marmaille. Quand je vois les micro-pantalons de mon petit bébé, que je me rappelle très bien à quel moment ma plus vieille l’a porté et que j’accroche une gigantesque paire de pantalons taille 5 ans à ses côtés... J’ai une petite faiblesse dans les genoux.

J’aime toujours autant ces petits frissons de douceur quand ces tous petits vêtements me rapportent de si grands souvenirs. Un souvenir différent à chaque fois, c’est un bel étendage d’amour et de sourires niaiseux. Je dois vraiment avoir la tronche d’un mollusque qui vogue avec la marée, complètement absente dans mes pensées joyeuses qui me feraient sans doute voler bien haut au pays de Peter Pan.

J’ai souvent l’impression d’être une grande collectionneuse. Mes spécimens ne sont pas tous aussi grandioses qu’un magnifique monarque, mais ils me sont tout aussi précieux. J’épingle le temps. Morceau par morceau. Jusqu’à ce que mon panier soit vide. Et mon cœur bien plein.

C’est quand même peu cher payé pour un voyage astral plein de couleurs et de belles aventures. Une fois mon retour à ma réalité, je suis bien contente de me retrouver entourée de mes tornades. Mais, c’est aussi le moment où j’ai mon tas de linge personnel à plier. Et que, bien malgré moi, mon maigre butin de tissus n’est pas aussi glorieux que celui de ma progéniture. Il serait temps que j’accueille un nouveau style vestimentaire pour de nouveaux souvenirs... Et que je change mes bobettes de plus de 5 ans de vie!

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