Ma puce, maintenant que tu as commencé l’école, j’aimerais te raconter quelque chose.
C’est l’histoire d’une petite fille. Elle allait, comme toi, à l’école. Sauf que son parcours est, je l’espère, bien différent de celui que tu connaîtras.
Cette petite fille n’était ni plus méchante, ni plus détestable et ni plus laide que les autres enfants. Elle était aussi douce, aussi rêveuse et aussi innocente qu’eux, sauf qu’ils avaient décidé qu’ils ne l’aimaient pas. Tous les jours, ils la bombardaient de méchancetés. Ces paroles, elle pourrait encore te les réciter aujourd’hui. Tous les jours, ils riaient d’elle et la bousculaient.
Tu sais, la récréation, ce moment que tous les amis attendent impatiemment; eh bien pour cette petite fille, c’était le pire moment de la journée. Elle n’avait personne avec qui jouer. Elle marchait en longeant les murs, espérant que la cloche sonnerait bientôt. Parfois, elle pleurait chez elle ou dans l’autobus. Elle avait de la peine, car elle aurait voulu s’amuser avec les autres, avoir des amis à elle et aimer aller à l’école elle aussi. Elle aurait pu; elle pouvait être drôle, elle avait de bonnes idées pour les jeux et elle avait tout ce qu’il fallait pour faire partie du groupe, elle aussi. Il n’y avait aucune raison ni explication au fait qu’ils en avaient décidé autrement.
Puis, cette petite fille a grandi et elle a compris qu’il valait mieux lever les yeux et regarder droit devant. Il en fut très différent par la suite. Malgré qu’il lui arrive encore d’avoir de vieux réflexes et de douter d’elle, malgré qu’une telle expérience puisse laisser des marques longtemps; il n’en paraît rien aujourd’hui.
Ces enfants qui l’avaient « choisie » ne sont pas mieux qu’elle à ce jour et ne savent probablement pas le mal qu’ils ont fait. Tout ça est loin derrière et elle connaît maintenant sa valeur. Je n’ai pas besoin de te dire ni son nom, ni qui elle est, mais laisse-moi quand même te dire ceci; ne sois pas cette petite fille. Ne regarde jamais tes pieds, lève les yeux et sois fière. Tu es belle, tu es bonne et tu es forte. Tu n’as pas à traverser un chemin semblable pour le réaliser; sache-le plutôt tout de suite. Ne sois pas non plus ces autres enfants. Vas voir la petite fille qui vit ça, montre-lui à quel point elle est géniale elle aussi et sois son amie.
J’ai confiance en toi, ma puce. N’oublie jamais qui tu es et tout ce que tu peux être et, surtout, ne laisse personne t’en dissuader et garde ton cœur à la bonne place.