Le biberon rose de bébé Thomas

Avec un titre pareil, vous croirez que je vous ai pondu une p’tite histoire pour votre bambin. En fait, c’est une petite anecdote de type «on est en 2017, lâchez-moi les stéréotypes pourris».

Je vous raconte. En raison de difficultés d’allaitement, j’ai choisi de faire le tire-allaitement pour mon fils né en février 2017. Nous nous sommes donc procuré différentes petites bouteilles de toutes les couleurs (très mignonnes, en verre avec manchon de silicone).

Quand je dis toutes les couleurs, je veux vraiment dire toutes les couleurs : bleu, vert, jaune, orange, lilas et rose. Soit, toutes les couleurs disponibles au magasin au moment de notre visite.

Eh bien, le petit biberon rose a fait jaser.

Ma mère a plusieurs fois taquiné mon fils quand il l’avait à la bouche, en lui disant que c’était une p’tite fille avec son biberon rose. Je sais que ce n’était pas méchant, mais ça me faisait quand même rouler des yeux.

Puis, un jour que mon beau-père est venu garder le petit, le temps que nous allions faire quelques courses, je lui ai donné les instructions suivantes : « il vient d’être changé, tu lui donneras le biberon rose, puis le jaune s’il a encore faim. Mais le rose devrait suffire. »

Je pars avec mon amoureux, toujours un peu anxieuse de laisser mon bébé derrière moi, même si je le sais entre de bonnes mains (bon, le cordon spirituel avec mon fils n’est pas encore coupé, lui!). Quand je reviens, je vois que le biberon jaune est vide et le biberon rose non entamé.

Je lui fais remarquer que je lui avais dit de prendre d’abord le rose, puis le jaune. Il me répond : «c’est pas grave. » Je lui dis que si, puisqu’ils ont été tirés à des heures différentes, le contenu de la bouteille rose expire avant celui de la bouteille jaune, et comme je ne suis pas une vache à lait (pardon, petites vaches), je n’aime pas beaucoup jeter mon lait que j’ai tant de peine à produire et tirer. Je suis sûre qu’il a fait exprès.

Ça me rappelle d’anciens gestionnaires à mon travail qui portaient régulièrement des chemises roses, en disant que « seuls les vrais hommes pouvaient porter le rose». Je ne sais pas trop ce qu’ils voulaient entendre par vrais hommes, mais j’aime le fait qu’ils ne se laissaient pas impressionner par les remarques désobligeantes d’autres collègues.

À mon sens, une couleur n’est pas genrée et ne devrait pas l’être. Si tu crois que la masculinité d’un homme est atteinte parce qu’il porte du rose, sache qu’une couleur n’a pas le pouvoir magique d’altérer un genre, ni même une orientation sexuelle (si ce que tu entends c’est que ça fait gay). C’est une couleur, point barre.

Et un petit garçon de quatre mois, ça n’a aucune idée du genre que tu attribues à ses vêtements, ses jouets ou son biberon. C’est un bébé. Lui, il s’en fout. Et il a bien raison!