NDLR. Cet article est rédigé par une collaboratrice et non par Maman Caféine.
Je t’ai tant attendu, mon petit bébé d’amour. Après plusieurs longs mois à vivre avec déception le retour des crampes menstruelles, j’avais enfin obtenu le petit +, et j’étais littéralement aux anges. Je commençais déjà à t’imaginer, à penser à comment ton papa et moi allions refaire la chambre afin qu’elle puisse t’accueillir confortablement. Tu étais déjà tellement réel pour moi, car je t’avais tant désiré.
J’étais bien sûr au courant des statistiques. Selon les sites, ça varie entre 1 grossesse sur 4 et 1 grossesse sur 5. Entre 20% et 25% des grossesses finissent en fausse couche. J’essayais de ne pas trop stresser avec ça. Au final, j’avais quand même entre 75% et 80% de chance que tout aille bien, non? Pourquoi est-ce que ma grossesse plus que celle d’une autre femme aurait fini abruptement? Je célébrais chaque semaine passée qui me rapprochait ainsi du fameux trois mois, j’étais confiante, résolument tournée vers l’avenir heureux qui nous attendait avec toi.
Et puis, un après-midi des plus banaux, j’ai eu mal au ventre. J’essayais de rationaliser mes émotions le plus possible : les maux de ventre peuvent arriver durant une grossesse. Sauf que je me suis mise à perdre du sang… et les maux de ventre ont augmenté au fur et à mesure que mon utérus se vidait. Tu es parti tout seul, à quelques onze semaines de grossesse, à peine quelque temps avant que je puisse te voir pour la première fois. Peut-être était-ce mieux comme ça.
Quand tu es parti, tu as pris un morceau de mon cœur avec toi. Je ne crois pas qu’il soit possible de le retrouver, même un an après ton départ. Même après qu’un nouveau bébé se soit construit un beau nid dans mon ventre. Ce morceau de mon cœur t’appartient pour toujours et le vide qu’il a laissé derrière lui me rappelle la fragilité de la vie.
Quand j’ai parlé de ma fausse couche autour de moi, on m’a bombardé de statistiques, de « c’était mieux comme ça, ton bébé devait avoir des anomalies génétiques et c’est pour ça qu’il a été rejeté », « imagine, t’aurais pu le perdre à 32 semaines, ça aurait été pire »… Ouf. Comment vous dire…? Perdre un enfant à 11 semaines de grossesse ou le perdre à 32 semaines n’est jamais facile. Peut-on réellement quantifier la douleur d’un parent qui perd son bébé? Peu importe le moment de la perte, la souffrance et la peine sont réelles et j’aurais aimé que mon ressenti ne soit pas autant banalisé. Disons que ça ne m’a pas aidé à faire mon deuil.
J’ai été chanceuse dans mon malheur, je suis tombée sur une belle équipe médicale lorsque je suis allée aux urgences après ma fausse couche (il est toujours recommandé d’aller à l’hôpital après une fausse couche, peu importe le moment où elle arrive). Ils ont écouté ma peine et m’ont rassuré sur la suite des choses : une fausse couche ne m’empêchera pas de pouvoir tomber enceinte à nouveau, il me faudra seulement être patiente.
Patiente, je l’ai été. J’ai attendu le nombre de jours recommandé après une fausse couche avant de recommencer à essayer de tomber enceinte, j’ai pris le temps de faire mon deuil de toi, mon bébé-ange et après quelques mois, j’étais prête. Depuis, ton frère ou ta sœur s’est installé dans mon ventre et ça me remplit de bonheur. Évidemment, je suis aussi stressée, mais j’essaie de ne pas trop y penser. J’essaie de profiter de chaque moment de cohabitation, car je sais à quel point tout peut s’arrêter à n’importe quel moment.
Tu resteras toujours dans mon cœur, mon bébé-ange. Tu m’as fait l’honneur d’être ta première et ta dernière maison, et ça, je ne l’oublierai jamais.