C'est bien connu, lors d'un deuil, il y a plusieurs étapes à franchir. Je n'en suis pas à mon premier. En fait, au cours de ma vie, j'ai dû affronter ça plus souvent que bien des gens au courant de leur vie entière. Que ce soit au travail, dans notre vie amoureuse, peu importe la sphère de notre vie, nous avons tous eu des deuils à faire. Que ce soit du plus petit au plus gros. Les étapes restent les mêmes chaque fois.
Par contre, quand on parle de la mort, le deuil se passe différemment. J'ai rencontré la mort de plusieurs façons. Chaque fois, j'ai franchi les étapes plus ou moins vite, selon la place que chaque personne occupait dans ma vie. Or cette fois, j'ai arrêté à une étape précise : la colère.
Au moment d'écrire ces lignes, ça fait dix jours que tu es partie, toi ma meilleure amie d’adolescence, ma première colocataire, ma partner in crime. Ce n’est pas la vie qui en a décidé ainsi. C'est toi et toi seule. Tu es le premier suicide que je dois affronter et laisse-moi te dire que le goût est amer. Un beau mélange de colère et d'incompréhension. Au fond de mon cœur présentement, c'est surtout de la colère.
Je suis fâchée contre toi, je mentirais si je disais le contraire. Je suis fâchée de la décision que tu as prise, je suis fâchée de la façon dont tu es partie. Je suis fâchée que tu n'aies rien laissé derrière toi sauf des cœurs brisés et des questionnements sans fin. Je suis fâchée contre toi, parce que tu n'as rien dit, rien demandé. La colère fait partie du deuil, mais je ne réussis pas à passer à autre chose.
Je suis triste que tu aies laissé tant de gens derrière. Je suis triste quand je pense à ton fils. Il est trop petit pour comprendre pourquoi maman est partie. Trop petit pour comprendre pourquoi maman ne reviendra jamais.
Mon amie, je t'aime et je t'aimerai toujours, mais je sais que tu me connais assez pour comprendre toute la colère que j'ai envers toi présentement. Permets-moi d'être fâchée contre toi encore un moment, parce que la pilule est tellement dure à avaler…
À tous ceux qui ne se sentent pas bien; à ceux dont les idées noires sont tellement présentes qu'elles empêchent de voir les belles couleurs que la vie peut nous apporter : sachez que derrière vous, il y a des gens qui sont prêts à n'importe quoi pour vous garder auprès d'eux. Il y a tellement de ressources, ne prenez pas cette décision si drastique. Les gens que vous laisserez derrière ne s'en remettront peut-être jamais.
Bye ma chum, j’espère que tu as trouvé ce que tu cherchais en nous quittant de la sorte.