Chère dépression postpartum,
Toi et moi, on a des choses à se dire. Pas mal, en plus.
Moi qui se croyais bonne, belle, forte et capable, tu m’as prouvé que je l’étais. Tu ne réussiras pas à éteindre ma flamme.
Tu es arrivée tout en subtilité, sournoisement. Je ne t’attendais pas. J’ai vécu un deuil (mon papi d’amour) puis une quête de diagnostic et ajustement de médication pour le reflux silencieux de ma mini. Et toi, tu as a vu cette fenêtre toute grande ouverte et tu as sauté sur l’occasion.
Tu t’es glissée dans les réveils nocturnes; je me suis mise à détester tranquillement les sessions de bouteille à minuit. Sans plaisir, en bougonnant et parfois aussi en pleurant, je me levais en priant pour des nuits de sommeil plus longues.
Ensuite, tu t’es immiscée dans ma vie de couple. Cet homme que j’aime, tu le mets au défi de m’aimer plus fort. Souvent, j’entends mal son message et lui le mien, le ton monte et monte…et je n’arrive pas à contrôler mes émotions. Tu m’as transformée en « l’incroyable Hulk », et je me déteste de plus en plus. Comment fait-il pour m’aimer?? Et moi, suis-je en mesure de lui donner tout l’amour qu’il mérite?? Je me remets constamment en doute.
Tu ne pouvais pas t’arrêter là hein?? Non madame, fallait que tu continues. Moi qui adore me promener, sortir… je reste plutôt à la maison. Je m’isole, je me creuse un trou plus profond. Tant de séries à regarder, tant de café à boire… je reste chez moi.
Et pour finir…misère : mon estime de moi. T’aurais pas pu la laisser intacte?? Moi qui ai mis tant de temps et d’efforts à la bâtir. Non, tu es rentrée dedans tel un TGV et tu as mis devant le miroir une maman qui ne trouve que des défauts à son corps, des cernes sous ses yeux et qui sort tous les matins en se disant « y'a pas mieux à faire ». Meurtrière de motivation, tu as ravagé mon amour pour l’entraînement. Mais tout ça, c’est chose du passé.
Je tiens quand même, avec le recul, à te remercier. Oui, te remercier. J’ai souvent remis mon instinct maternel en question, mais tu ne m’as pas toutefois pas laissé commettre l’irréparable et blesser physiquement mes enfants.
Les cicatrices qui restent, je les recouvre de baume. Je m’efforce de faire en sorte que les marques soient quasi invisibles. Je sais que mes enfants, ma plus vieille surtout, va se souvenir de cette maman impatiente et colérique, mais elles sauront aussi se rappeler de la maman qui a demandé pardon et qui a démontré que dans la vie, dans les hauts comme les bas, faute avouée est à moitié pardonnée.
Mais surtout, je me suis pardonné à moi. Ce n’est pas de ma faute. Je vais gagner cette bataille; maintenant je fais surface.
Véronique Langevin