Maman trois z’icks

Faque je suis devenue mère, pis mon corps avec. C’est merveilleux de donner la vie, oui oui, mais ça t’use le body pas yenke un peu. Ça brise les miroirs aussi. Je te jure que quand je me regarde flambette dans mon long miroir, j’ai l’impression qu'il fait ramollir des p’tits bouts d’moi, qu'il me pâlit la peau pis qu'il me rajoute des livres. Dommage que j’aie perdu le reçu, parce que j’irais me faire rembourser pis je prendrais le temps de faire une plainte au service à la clientèle. Ça te fuck une estime, un miroir défectueux de même. Tout ça pour te dire que j’ai plus le même équipement pour impressionner monsieur pis y donner envie de me chatouiller par l’intérieur.

Bang ! Drette ben cru comme ça. Bah quoi, une mère a l’droit d’avoir un pic d’hormones pis de vouloir faire l’amour plutôt qu’une brassée de blanc un mardi soir. Sauf que du sexe de parents, ce n’est pas aussi glamour que dans les films cochons.

On se donne un genre de rendez-vous. Je cours à gauche pis à droite pour faire les lunchs, ramasser le linge des enfants pis passer le balai avant que mon homme s’endorme devant une reprise d’une game de hockey pis que les deux on soit trop brûlés pour s’exécuter. J’ai même encerclé la date sur mon calendrier. C’est du sérieux. Pis c’est de même qu’à neuf heures et quart, on se retrouve à poil, sous la couette de lit, cordés un à côté de l’autre. Je choisis toujours ce moment-là pour lui lister nos activités prévues pour la fin de semaine ou lui raconter ma journée au boulot. Rien pour exciter son petit soldat. On décide de faire ça vite, pour ne pas trop perdre d’heures de sommeil. C’est un peu moins frivole que dans nos jeunes années, mais on a du fun et ça fait du bien. On prend une douche express, on se dit qu’on devrait faire ça plus souvent et on s’endort rapidement, paisiblement et détendus.

Aujourd'hui, je suis une maman trois z’icks. Des fois, je me promène toute nue pis je me tape une fesse en disant à mon chum : « Check ce beau body-là! » S'il fait un tour à la salle de bain durant ma douche, j’effouare mes seins dans la vitre en me trouvant sexy. Mon homme, lui, y’arrive à trouver jolie ma bedaine molle. Des fois, quand on se donne un bisou, je sors la langue par surprise pis on frenche un peu. Pis c’est de même, dans ces petits gestes-là, que nous vivons notre sexualité de parents. Différente, mais tout autant satisfaisante. On s’aime d’amour pis on s’aime sexy, même si les parties de jambes en l’air ne sont plus quotidiennes et moins spontanées.