Il m'aura fallu 28 ans pour le réaliser, et encore un peu plus pour l'avouer. Il aura fallu que je devienne maman à mon tour. Je l'avoue aujourd'hui : maman, tu avais raison.

Tu disais que je comprendrais bien des choses plus tard, des sentiments que seules les mamans peuvent ressentir. Que tu avais bien hâte de nous voir à ta place.

D'ailleurs, combien de fois t'ai-je dit que je ne deviendrais jamais la mère que tu étais? Que j'étais convaincue je ferais certainement mieux que toi? J'avais tort. Il me semble maintenant que la barre est plutôt haute. À l'époque, on dirait que toi, tu savais ce que tu faisais. Tu avais de l'assurance, tu avais réponse à tout, alors que moi…

C'est probablement pour ça que tu es maintenant la personne en qui j'ai le plus confiance quand il est question de mon bébé. C'est toi que je voulais chez moi après mon accouchement, c'est ton aide à toi qui m'a fait le plus plaisir, ta présence qui était la plus rassurante. Celle de ma mère.

On aurait même dit, au début, que mon propre bébé était plus calme avec toi. Tu étais une force tranquille, tu étais zen alors que nous, nouveaux parents, du haut de toute notre non-expérience, étions tellement stressés. Tu le savais, toi. Ça allait passer, tout allait se placer.

J'étais en confiance quand je te laissais t'occuper de mon bébé, parce que je savais qu'il était entre bonnes mains. Que tu allais t'en occuper comme tu t'étais occupée de moi, que les mêmes valeurs nous guidaient… parce que tu es ma mère, parce qu'on a la même vision, les mêmes principes.

Ces mêmes principes qui m'ont tellement fait ragé quand j'étais jeune! Je te trouvais tellement moche comme mère! Il me semblait que les mères de tous mes amis étaient plus cool que la mienne.

Je comprends maintenant ce rôle ingrat qu'est celui de maman. Explique-moi, comment as-tu fait? Comment as-tu pu nous laisser sortir dans les bars? Nous laisser nous casser la gueule? Nous laisser faire nos stupidités d'adolescentes? Comment as-tu survécu à nos peines d'amour?

Je sais maintenant que tu avais peur toi aussi, que tu avais autant, sinon plus de peine que nous. Comment as-tu réussi à accepter que ton cœur soit brisé pour que apprenions à voler de nos propres ailes? Comment as-tu pu séparer ton cœur en 3? Ça te faisait 3 cœurs en liberté, 3 cœurs à surveiller, 3 cœurs pour qui t'inquiéter, 3 cœurs tellement vulnérables…  Je n'en ai qu'un et je me trouve tellement fragile.

J'appréhende beaucoup le moment où mes enfants seront adolescents, où ils me diront que je suis la pire mère au monde. Mais si tu es là pour me dire que ça va passer, je sais que ça va aller.

Et nous étions trop naïves pour nous en rendre compte. Je comprends maintenant. Tu dois avoir le cœur brisé toi aussi parfois. Les personnes que tu aimes le plus au monde ne t'aimeront jamais comme tu les aimes . J'ai rencontré le vrai amour de ma vie. Mais nous, on ne sera jamais l'amour de leur vie ; nos enfants aimeront toujours leurs propres enfants plus que leurs parents.. C'est un peu injuste non?

Si on m'avait demandé à 15 ans si je pensais dire ça un jour… je vous aurais ri en pleine face avec toute mon attitude d'adolescente. Mais… je le dis aujourd'hui : maman, tu avais raison.

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