Mon monde à moi

Quand vous étiez plus jeunes mes chéris, j’avais l’impression que rien n’était plus parfait que vous. Votre innocence et votre joie de vivre m’empêchaient de réaliser que vous deviendriez des humains pleins de petites et grosses failles, comme moi, comme tout le monde. Je vous voyais médecins, architectes, professionnels de cirque qui voyagent autour du monde… Quand vous étiez petits, jamais je n’aurais souhaité que vous vous cogniez le nez, même quand vous n’aviez pas suffisamment travaillé et j’avais cette fâcheuse tendance à croire (mais je le gardais pour moi) que vous étiez les petits humains les plus merveilleux de la Terre…

L’adolescence est un processus qui vous mènera à l’âge adulte, mais ce que je ne savais pas c’est que c’est aussi un passage obligé qui permet à une maman comme moi de comprendre que la vie n’est pas centrée sur votre nombril de superstar familiale …

Pendant des années, ma vie entière a tourné autour de vous, telle la lune qui gravite autour de la Terre et qui alimente les marées. Bien sûr que je voyais que les étoiles existaient encore, mais j’étais trop captivée! Ce n’est que dernièrement que j’ai recommencé à avoir du temps pour voir tout autour ce qui me plaisait avant vous, un peu comme si les lumières de la ville s’étaient éteintes doucement pour me laisser revoir le ciel et sa grandeur. J’avais oublié la vie quand je compte aussi… J’avais oublié à quel point faire la grasse matinée peut être merveilleux, à quel point partir seule une journée pour faire ce que je veux sans contrainte, ça peut être chouette… J’avais oublié que moi aussi je peux mettre le bordel dans mon salon avec une toile et de la peinture ou tout autre projet créatif qui ne ressemble pas à une boite en bâtons de popsicle ou à une chenille en carton d’œufs!

C’est comme si tout s’enchainait naturellement… Alors que vous avez moins besoin de moi, je me rends compte que moi, j’avais besoin de temps. Je ne le voyais simplement pas. Puis vos petites failles et vos grandes qualités me donnent confiance en vous et en vos capacités à faire une partie de votre apprentissage sans moi qui vous empêche de trébucher. Vous devenez beaux et grands avec toutes vos couleurs et, même si parfois vous faites quelques fausses notes, je suis toujours fière de vous. Vous ne serez peut-être pas médecins ou architectes, mais peut-être que oui! Peut-être que vous ferez le tour du monde avec ton sac à dos plutôt qu’avec un cirque de renom, mais chaque fois que ça vous rendra heureux, je le serai aussi!

Puis vous savez la lune s’éloigne de 4 centimètres par an de la Terre, mais elle reste toujours en orbite à l’admirer dans toute sa splendeur!