Pour mon amoureux, la vie doit toujours être « le fun ». Il met toujours l’accent sur le plaisir, le positif et la joie. C’est vraiment merveilleux comme trait de caractère, mais plus les enfants grandissaient, plus ça causait des frictions entre nous.
Il faut comprendre que mon conjoint travaille beaucoup, avec des horaires de restauration donc difficiles avec la routine des enfants. Au fil du temps, il se sentait coupable de ne pas être présent autant qu’il le voudrait pour les moments du quotidien. Alors, inconsciemment, il s’est mis à compenser ses absences sous forme de gâteries pour les enfants. Au début c’était super, papa revenait de travailler avec des bonbons ou un petit cadeau, mais avec le temps ça a vite dégénéré. Les enfants attendaient papa à son retour pour savoir ce qu’il leur apportait cette fois. Les soirs où il n’avait rien pour eux, ils étaient déçus. Donc papa se sentait encore plus coupable d’avoir oublié ou de ne pas avoir eu le temps d’en acheter alors le lendemain, la surprise était exagérée. Je me suis longtemps tenue à l’écart de tout ça, je ne voulais pas empêcher mon amoureux de faire plaisir aux enfants et je savais que ça comblait un vide dans son cœur de papa.
Par défaut, j’ai donc obtenu le rôle du parent sévère, le parent « casseur-de-party », qui a l’air toujours sérieux et qui freine la spontanéité des autres. En étant maman à la maison c’était déjà normal que ce soit moi qui aie forgé le cadre et les limites, mais j’avais l’impression d’être la seule à ramer en ce sens. Quand papa débarquait, tous ces efforts, la routine et les règlements prenaient le bord et tout devait être léger, amusant et mémorable.
C’est quand je me suis rendue compte que je m’empêchais de faire des petites choses spéciales pour les enfants, à cause de papa qui en faisait déjà trop, que je me suis rendue compte que c’était rendu trop loin. Par exemple, une soirée où j’aurais eu envie de sortir les bonbons et le chocolat, je me retenais car papa en avait déjà donné (trop) dans la journée. Je me suis donc mise à réfléchir et à prendre conscience à quel point tout ça avait pris de l’envergure et surtout, que ce n’était pas du tout le rôle que je voulais tenir auprès de nos enfants. Je n’ai aucun problème à être la source principale d’autorité, mais parfois de sentir que l’autre parent véhicule les mêmes limites et qu’il peut prendre le relais de temps en temps, ça fait du bien au moral.
De son côté, mon chum s’est aussi rendu compte qu’il avait négligé son autorité et qu’il n’était pas pris au sérieux quand il essayait d’avoir le dessus sur les enfants, ça tombait dans l’oreille d’un sourd. Ça aura pris plusieurs années, mais avec les enfants rendus à l’école et qui ont parfois besoin d’un cadre plus serré, il a ENFIN compris qu’il était autant que moi un parent et non un grand-papa gâteau comme je le lui ai souvent répété. C’est normal de vouloir passer du temps de qualité avec les enfants, surtout en travaillant hors de la maison avec un horaire de soir, mais je suis bien heureuse qu’il se soit rendu compte que tout cela a une limite et que les enfants ne l’aimeront pas moins parce qu’il donne moins souvent des bonbons ou parce qu’il ne revient pas du travail avec des petits cadeaux.
À force d’avoir toujours été celle qui disait non, je me suis aussi rendue compte que j’étais beaucoup plus sévère que je le voulais. Parfois je disais non juste par habitude. J’ai dû prendre du recul. Avec mon amoureux, nous avons doucement rééquilibré les rôles, de sorte que nous avons les mêmes consignes, tout est plus clair pour les enfants et quand un parent dit non, hors de question que l’autre parent passe par-dessus cette décision et remette en doute son autorité. Ce n’est pas encore 50/50 côté autorité, et ça ne le sera probablement jamais. Mon chum a son cœur d’enfant pas mal plus développé que le mien et c’est ce que j’adore chez lui. Je ne voudrais jamais qu’il change ce côté ludique et humoristique qui met de la folie dans notre vie familiale. Par contre je suis vraiment fière de lui, il prend son rôle de papa au sérieux quand c’est le temps et il est rendu vraiment bon pour intervenir quand les limites sont proches d’être atteintes par les cocos. Tout semble plus facile maintenant que nous sommes sur la même longueur d’ondes et que nous pouvons chacun notre tour donner des bonbons à nos enfants un soir de semaine !