Je vis une peine, une peine d’amitié. Tout comme une peine d’amour, le processus du deuil fut long. Je crois que ça va mieux maintenant… mais quand même…
Nous étions 4. C’est cliché de dire que nous étions inséparables, mais c’est quand même ça. Toujours ensemble, toujours là l’une pour l’autre et surtout, partantes pour tout et n’importe quoi, n’importe quand.
J’avais l’impression que nous étions indestructibles. Nous avons tant fait et vécu ensemble que rien ne semblait pouvoir nous séparer. Hommes, enfants, famille, carrière, voyages et autres aléas de la vie… Nous jumelions tout ça de main de maître.
Nous avons discuté, ri, pleuré, ragé et refait le monde tellement de fois autour d’une bonne bouffe, maison ou non, ainsi que d’une quantité innombrable de bouteilles de vin. J’étais si heureuse avec la sensation d’avoir un trésor entre les mains. Solide et précieux…
Cependant, je ne sais pas ce qui en est la cause… mais quelque chose s’est cassé. Et nous ne nous voyons plus, ou presque plus. Il faut prévoir 3 ans d’avance un souper qu’on planifiait la veille ou la journée même.
Bien sûr, quand nous nous voyons, c’est comme si on ne s’était jamais quittées. La conversation coule toute seule et on rit, on refait le monde… Mais je sens une retenue. Il y a tout de même plus de silences, remplis de non-dits que personne n’ose percer.
Nous avons encore de superbes moments, mais ils sont moins spontanés. Nous sommes toujours 4, mais quelque chose s’est immiscé entre nous. Sournois et incapable à saisir. Nous sommes 4, mais quelque chose a changé.
Certains pourraient me demander : « Oui, mais c’est grave? » Non, personne n’est mort, et je suis sincèrement convaincue que nous sommes heureuses.
Alors ils demanderaient : « Oui, mais alors, qu’est-ce que c’est? »
Triste, juste triste…