Il y a de ça plusieurs semaines déjà, notre vie a basculé, sans avertissement, sans chance de nous préparer. Un accident, bête, car il n’y a aucune autre façon de définir un accident. Secoués, blessés, peinés, terrifiés. Il y a plusieurs semaines, mon papa d’amour, tu nous as donné la frousse de notre vie.

Un banal tournoi de curling, comme les nombreux autres auxquels nous avons assisté. Tu es sur la glace, avec ton équipe, tu lances la première pierre de ce match. Nous ne sommes pas encore là; nous sommes sorties dîner et faire une rapide course. À notre retour, l’ambulance est là, devant la porte. Maman a le sentiment qu’elle est là pour toi. Je refuse d’y croire; elle ne peut pas avoir eu ce pressentiment, mais je croise le regard de quelqu’un, plein de tristesse et de compassion alors qu’il hoche la tête. La salle est silencieuse, les gens nous regardent. Je demande s’il s’agit de mon papa, on me dit que oui. Maman part à la course, ma plus grande pleure, la petite ne sait pas ce qu’il se passe. Tu es tombé sur la glace, tu t’es frappé la tête.

Transporté rapidement dans le meilleur hôpital pour traiter ta condition, nous attendons longtemps le diagnostic. Qu’est-ce qui a provoqué cette chute?? Nous ne le saurons probablement jamais. On écarte des scénarios divers, on est soulagé. Tu vas bien, tu parles, tu es fatigué, mais tu es mon papa.

Et puis, encore, un autre accident. Tu es victime d’une condition qui est si rare qu’elle passe sous le radar. Tu es victime d’un AVC causé par le sang qui n’est pas évacué. Tu as eu des spasmes qui ont provoqué un premier AVC. Puis, tu as été victime d’un 2e AVC. On ne comprend pas, on ne s’explique pas.

Tu es là, tu es papa tout en ne l’étant pas. Tu es si petit, si délicat, mais si fort à la fois. J’aimerais te serrer si fort, te prendre dans mes bras et revenir en arrière. J’aimerais que tout soit comme avant. Tu manques à maman, tu manques aux filles, tu manques à ton fils…tu me manques. On reste fort pour toi, parce que tu as besoin de nous.

Un jour, comme tous les autres. Un sport, comme de nombreux autres. Et pourtant, ce jour tout est devenu différent. Nous avons dû emprunter un autre chemin, mais nous marcherons avec toi, tous les jours, jusqu’à ce que tu reviennes.

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