Depuis la maternelle, l’école m’a levé de petits drapeaux rouges concernant les aptitudes sociales de mon garçon. Bien entendu, j’ai toujours remarqué que mon garçon était plutôt introverti, qu’il aimait jouer seul avec ses voitures, qu’il n’aimait pas beaucoup les sports collectifs, mais je ne me suis jamais trop inquiétée à ce sujet me disant que la pomme ne tombe jamais trop loin de l’arbre étant moi-même assez solitaire. En maternelle, on m’a demandé de le faire évaluer pour l’hypersensibilité, le nouveau diagnostique à la mode. Je dois avouer que je n’y croyais pas trop, mais pour ne pas passer pour la mère indigne qui ne se soucie pas de l’évolution de son enfant, j’ai payé le 600$ de l’évaluation en ergothérapie pour me faire dire que mon garçon est plus timide qu’hypersensible.

Maintenant en première année, on me reparle des difficultés sociales qu’il éprouve. Il ne parle pas assez fort lors des exposés oraux, il est toujours le dernier à se mettre en équipe et il n’écoute pas toujours dans les consignes de groupe. On me parle de routine qu’il n’arrive pas à intégrer, donc j’achète un tableau de routine à la maison. On me parle qu’il est lent à s’habiller probablement parce que la fermeture éclair de son manteau est trop difficile, j’achète un nouveau manteau. Lorsque j’ai complètement décroché, c’est quand la directrice m’a demandé : «ça ne vous inquiète pas que votre enfant soit différent ?».

Comment réagir en tant que parent ? Est-ce qu’on a le droit de dire que non, on se s’inquiète pas tant parce qu’on se voit en lui. Est-ce qu’on a l’air complètement déconnectée de la réalité en répliquant que tant que son enfant à de bons résultats scolaires et qu’il est heureux d’aller à l’école, je ne vois pas le problème. Est-ce que ça se fait de dire à la directrice qui veut qu’on paye encore des sommes importantes pour faire diagnostiquer son enfant pour l’autisme (oui, oui, rien de moins) qu’on ne comprends pas vraiment où est la nécessité de faire ce processus. Mon chum croit que oui, mais moi je n’ai pas été capable.

Tout se bousculait dans ma tête. Même si je suis persuadée que mon enfant n’est qu’un enfant timide et solitaire, je ne veux pas dire à la directrice de son école, qu’elle se trompe, qu’elle ne sait pas de quoi elle parle alors qu’en théorie, elle est sensée en connaître plus sur le sujet que moi. Je ne veux pas qu’elle dise aux futurs professeurs de mon enfant de ne plus faire attention à lui parce que sa maman ne veut pas collaborer. Je ne veux pas non plus arriver au jour, peut-être dans plusieurs années qui sait, à devoir rattraper le temps perdu alors qu’on aurait peut-être pu régler des problèmes avant qu’ils ne se forment en ayant diagnostiqué plus tôt.

Alors, j’en suis personnellement venue à la conclusion de ne pas tant m’écouter et de payer. Payer pour la préscience, payer pour la paix d’esprit, mais aussi pour ne pas passer pour la mère indigne.

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