Je me suis souvent demandé si c'était une bonne idée d'avoir un enfant. Je ne doutais pas de mes capacités à être mère ; je craignais que mon enfant vive dans un monde laid. J'hésitais entre connaître ce bonheur incomparable ou épargner ma progéniture en la laissant dans le néant.
Plus tard, quand j'ai eu un amoureux, un chien et une maison, j'ai mis cette question de côté et j'ai choisi d'être enceinte en faisant comme si de rien n'était. Mon désir d'être mère a été plus fort. J'ai recommencé à me poser la question quand l'arrivée de mon fils a été plus imminente. Qu'est-ce que j'avais fait? Tous ces attentats, la pollution, le réchauffement de la planète, les maladies qui prolifèrent… dans quel monde allais-je propulser mon petit bébé!? J'étais prête à lui faire subir ce monde juste pour pouvoir avoir mon bébé à moi, aimer et être aimée inconditionnellement, voir de quoi auraient l'air son sourire et son visage, avoir des câlins de ses petites mains, recevoir des cartes à la fête des mères?
Puis un jour, en écoutant une série, un personnage se posait la même question que moi et sa belle-mère lui a dit : "This is how the world changes, good people raising their babies right" «C'est ainsi que le monde change : de bonnes personnes qui élèvent bien leurs enfants». Soudainement, je me suis sentie légère. Oui, c'est exactement ce que je ferais, j'allais élever mon bébé correctement. J'en ferais une bonne personne. Comme ça, on pourrait balancer et peut-être qu'un jour, le nombre de bonnes personnes pourrait dépasser celui des mauvaises.
Mon bébé est maintenant au monde, et je ne me sens plus coupable. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le protéger, même si je sais pertinemment que des personnes mal intentionnées croiseront un jour sa route. "Kill them with kindness" «Achève-les avec ta gentillesse», c'est ce que je lui dirai. Depuis le jour de sa naissance, j'essaie de réfléchir davantage aux gestes que je pose et aux paroles que je dis. Je me demande si mon fils serait fier de moi. Je me demande si moi, je serais fière de lui s'il faisait ceci ou disait cela. Je me dis que si ses parents sont bons, il aura envie de suivre leur exemple. Si tous les nouveaux parents sont comme ça, c'est une bonne nouvelle. Alors depuis ce jour, j'ai espoir en l'humanité.