Je ne suis pas faite franchement aussi forte que je ne le laisse croire. C'est souvent plus facile de répondre : « Ben oui ça va, et toi ?» que de dire : « Bah ! Semaine affreuse…» et commencer à te remettre en contexte, comme dans un tunnel sans fin. Tu vois l'image ? En plus de voir dans le visage de ton amie un brin de découragement.
Je me montre au-dessus de tout, moi ça va bien. Je suis de bonne humeur, prête et en contrôle. Et ça continue, je me mens à moi-même, quand, au fond de moi, ça va moyen, parfois pas du tout. J'ai le coeur qui bat à cent milles à l'heure, je suis plus souvent perdue dans mes pensées qu’en action. J’angoisse, dis-moi que je ne suis pas la seule à qui ça arrive!
Les situations s'empilent, les bons coups, les échecs. Et moi je continue à forcer à contre-sens. Les jours passent sans que j'aie l'impression que ça avance, mais je n'ai rien avoué, je suis restée de marbre comme une statue à qui tu as choisi de mettre un sourire.
Le manque de sommeil est devenu routine depuis des années. Le quotidien est bien ancré en moi. L'envie de crier à tue-tête est là, je le sais au creux du ventre. Je passe à deux poils de tout lâcher et quand mes enfants me voient essuyer une larme, je m'arrête, comme si pour un instant le temps s'était figé et que je pouvais profiter du moment. C'est là que la vulnérabilité embarque, devant les êtres que j'aime le plus au monde, et tout devient clair. Je me parle : « heille fille ! Regarde comme tu as une belle famille, c'est pour ça que tu te bats, jour après jour. Dis-leur que maman est épuisée, que ça déborde dans sa tête».
De leur dire à eux en premier, ce n'est pas d'être faible, au contraire, c'est de montrer que toi aussi, tu peux être vulnérable. Que c'est correct de ne plus arriver à se contrôler et de laisser aller ses émotions. Ça fait du bien de se sentir léger, du moins pour le temps que ça va durer avant de remettre mon armure.
Être forte c'est bien, mais s'avouer fragile et humaine, c'est mieux.