En 2003, j’ai rencontré Éliot. C’était le grand amour, l’amour de ma vie.

Il était gentil, attentionné, généreux…  Il avait toutes les qualités, il était l’homme parfait, mais il avait une vie cachée que je ne connaissais pas encore. Il avait un gros dossier criminel et je me suis dit : « bof, ça ne doit pas être si grave que ça, on passe de très belles années… »

Jusqu’à ce qu’on commence à tout perdre. Avant lui, je ne prenais pas de drogue. Je me suis mise à consommer, à voler à mon travail pour pouvoir consommer encore plus. C’était la fête, je n’avais pas d’enfant encore. Nous avons déménagé plusieurs fois et nous nous sommes fait expulser de nos logements tout autant de fois. On était loin d’une vie idéale, mais j’étais follement amoureuse.

Je suis tombée enceinte de ma fille Mia et c’est à partir de ce moment que ça s’est mis à vraiment mal aller. On avait un logement mais rien dedans. On consommait du crack, mais quand j’ai su que j’étais enceinte, j’ai tout arrêté. C’est là que j’ai mangé ma première claque. Je me suis dit : « Oh, c’est juste une claque, ce n’est pas  si grave. Il ne recommencera pas et il finira par s’excuser. » Encore, nous nous sommes fait expulser de notre logement et nous avons habité dans une chambre de motel avec son frère et sa blonde. Éliot s’est battu et a fini en prison. Son frère ne voulant plus me garder, je suis retournée chez ma mère.

Quand il est sorti de prison, j’avais accouché et Mia avait 13 jours. Nous nous sommes trouvés un logement et tout allait bien jusqu’à ce qu’on recommence à consommer. Ses comportements violents ont recommencé : des coups, des claques toujours de plus en plus forts. Un jour, j’étais assise avec ma fille de 2 ans et il m’a frappé au visage. J’ai appelé ma mère et Éliot a lancé le cellulaire et il s’est cassé. J’ai perdu connaissance…  J’avais juste le goût de partir, mais il était tellement manipulateur que je lui ai pardonné.

À partir de cette fois, c’était beaucoup plus souvent. J’allais au travail avec le visage et les bras bleus. La police est venue souvent et je n’ai jamais porté plainte. Un jour, la DPJ est entrée dans notre vie et m’a forcée à quitter Éliot. Moi, je ne voulais rien savoir. Mia et moi le voyions en cachette. Un jour, j’ai décidé d’y aller seule. J’ai dit à ma mère que j’allais passer la journée avec une amie. Cette journée-là, j’ai reçu un coup de barre de métal sur la tête et un sur le genou. Après, j’ai décidé de porter plainte car la DPJ me menaçait d’enlever ma fille. Je suis allée en maison d’hébergement avec ma fille et lui est retourné en prison.

J’ai refait ma vie, j’ai cessé de consommer. Ça allait bien… Jusqu’à ce qu’il m’appelle et que je plie à ses belles paroles. Alors, je l’ai repris chez moi, mais Mia avait un interdit de contact avec son papa alors j’ai perdu ma fille. Elle avait 3 ans. J’ai tout abandonné pour retourner avec lui, la drogue et bien sûr, les coups. Je commençais à être habituée. En 2010, je suis tombée enceinte d’Anne, mais elle n’était pas voulue. Je ne pouvais pas me faire avorter car il ne me laissait aller seule nu part, pas même aux toilettes. Toutes les fenêtres avaient du carton pour ne pas que l’on puisse voir dans la maison. Les coups et la drogue ont été encore là pendant la grossesse. Nous n’avions pas d’argent, rien pour le bébé. Nous vivions dans une chambre pleine de punaises de lit. Le jour de mon accouchement, j’avais consommé 4 heures avant de donner naissance à Anne. Par contre, à l’hôpital, ils m’ont donné une chance de m’en sortir : ils m’ont envoyée dans un centre pour évaluer mes compétences parentales. J’ai échoué. J’étais trop centrée sur ma vie de couple et j’ai perdu Anne aussi au bout de 1 mois. J’avais l’impression que ma vie était vraiment finie alors j’ai recommencé à consommer et Éliot continuait de me battre.

Jusqu’au jour où il décide de me donner des coups de bâton de baseball dans les côtes. J’ai tellement crié fort qu’il est parti. Pour la première fois depuis très longtemps, je me suis retrouvée seule. J’ai alors pris les choses en main : je suis partie. C’était le 1er janvier 2012. Je me suis rendue à hôpital. Au moment de passer une radiographie, on m’a demandé si je pensais être enceinte. Je le croyais et j’avais raison. J’étais enceinte de Mathieu. C’est mon petit sauveur. Dans ma tête, j’étais prête à retourner avec Éliot, mais je me suis dit : « Non, ce bébé, je le garde. Personne ne va me l’enlever. »

La police m’a reconduite en maison d’hébergement et j’ai pris les démarches pour garder mon bébé. J’ai cessé de consommer, j’ai dit non à la violence une bonne fois pour toute. J’ai tout fait avec l’aide de ma travailleuse sociale pour reprendre ma vie en main afin de pouvoir garder mon bébé. Le 29 août 2012, Mathieu est né. Un beau gros bébé en santé et j’étais prête. La DPJ a supervisé le tout pendant 6 mois puis ont cédé le dossier, me laissant la pleine garde de Mathieu Éliot était en prison et j’étais encore en vie.

Aujourd’hui, je ne consomme plus. J’ai eu 2 autres beaux enfants avec mon conjoint et j’ai ma maison. J’ai réussi à me sortir de mon 10 ans de violence. C’est dur, vraiment dur. Mais grâce à mon Mathieu, je suis en vie, j’ai 5 beaux enfants et j’ai une belle et grande famille.

Voilà mon histoire J’espère que ça va pouvoir changer la vie de femmes qui vivent la même chose que moi.

Caroline

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