Il y a des matins comme ceux-là, où tu te lèves avec déjà 2 prises au bâton. Tu as les cheveux en coton parce que tu n’as pas eu le temps de les sécher après la douche rapide de la veille. Tu as les seins qui pendent dans ta vieille camisole tachée qui tient lieu de pyjama. Tu t’assois sur le bord du lit, juste avant d’aller chercher ton p’tit qui braille à 5 h 00 du matin, pis tu vois juste la pile de livres qui t’attend depuis 2 ans sur la table de chevet. Tu t’étires et te diriges vers la chambre de ton rejeton qui hurle parce que ça te prend plus que 2 minutes. Tu prends quand même le temps de te sortir la grosse bobette de la craque, te mettre de l’eau froide au visage et de mettre tes lunettes.

Il y a des matins comme ceux-là, où t’as envie de reculer plutôt que d’avancer. La journée débute, il n’y a plus de lait pour le café, pas de soleil et tout ton linge est sale. Une fois l’interminable routine complétée, tu embarques de force ton enfant dans l’auto qui n’a plus d’essence et le déposes à la garderie. Tu prends l’autoroute pour le travail, tu as oublié ton lunch sur le bord de la porte et la brassée de serviettes dans la laveuse.

Tu bailles toute la journée, tes collègues te gossent pis t'as un gros mal de tête. Il est 16 h 00, tu sacres ton camp au plus vite à la garderie, pour ne pas payer de frais de retard. Tu ramasses le marmot et arrêtes à l’épicerie acheter quelque chose de tout prêt pour le souper : un bon macaroni au fromage. Tu laisses faire le guide alimentaire et te sauves d’une bagarre.

À la maison, tu ramasses la vaisselle, le linge et les jouets en chantant « Si tu aimes le soleil ». Tu laves une bouche sale, fais un casse –tête et repars la brassée de serviettes de la veille. Vient le temps du bain, le moment où il y a de l’eau partout, du savon dans des yeux et des bateaux qui coulent. Enfin le pyjama, la suce, le lait et la doudou. À 19 h 00 pile, tu couches enfin ta petite bête et fermes la porte.

Tu te rends dans ta chambre et tu penses à l’eau du bain pleine de mousse, la brassée toujours oubliée dans la laveuse et ta couette fatiguée qui pendouille sur le côté. Pis là tu brailles. Tu brailles toutes les larmes de ton corps, tu morves pis tu sanglotes. Parce que fille, t’as un trop plein.

T’es toute seule dans tes draps en petite boule. Les larmes coulent et rien ne se passe. Tu as mal à quelque part en-dedans, mais tu ne sais pas trop où. Ton chum travaille à l’extérieur et est trop occupé pour te texter de l’amour. Tes voisins jouent dehors et crient un peu trop fort. Le ventilateur fait voler les rideaux de la chambre et fait beaucoup trop de bruit. Tu te demandes à quoi tu as bien pu penser, quand tu as eu l’envie folle de faire des bébés. Tu t’en veux à mort et tu repenses à ta vie d’avant. Pis tu brailles encore parce que tu n’as pas beaucoup dormi depuis 2 ans. Pendant quelques secondes, tout s’arrête. Tu respires un bon coup et ça passe. Tu te calmes. Tu t’essuies la face avec l’oreiller et tu pars jeter un œil à ton fils qui dort. Il est tellement beau, si parfait. Tu lui flattes les cheveux, lui dis que tu l’aimes et que demain sera meilleur.

Quand vient le moment de te coucher, tu te rappelles qu’il y a aussi des matins avec des bisous de beurre d’arachides, remplis de câlins et de Pat Patrouille. Qu’il y a des matins où une petite main caresse ton visage ou te tapote les fesses en riant. Il y aussi des matins où tu te demandes comment tu faisais passer à travers les journées sans tout cet amour inconditionnel.

Laisse-toi allez maman, pleure un instant. Vide le trop plein et endors-toi sereine, car il y aura tellement d’autres matins qui seront beaux.

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