J’ai eu la chance ou le malheur, c’est selon, de vivre les deux expériences. Comme plusieurs mamans, j’aurais voulu donner naissance à mes enfants de la façon la plus naturelle et traditionnelle possible. J’ai même insisté auprès de mon médecin pour repasser d’autres tests lorsqu’elle m’a dit que mon placenta était mal placé et que l’on devrait envisager une césarienne. J’ai eu gain de cause ; mon placenta s’est réellement replacé, mais au bout de 32 heures de travail infructueux, j’ai eu le droit au commentaire de mon mari : «Tu aurais dû la prendre la césarienne », juste avant de faire un petit voyage en civière en direction de la salle d’op.

J’ai donc eu ce qu’on peut appeler une césarienne d’urgence, pas parce que je me vidais de mon sang ou que le bébé vivait des complications, mais plus parce qu’il commençait à se fatiguer. Qui aurait pu lui en vouloir après 32 heures? Même si j’étais fatiguée (non, fatiguée n’est pas le mot), même si j’étais exténuée à en trembler, même si le sentiment de succion lorsqu’ils sortent le bébé me donnait l’impression d’être un bol de toilette qu’on essaie de déboucher, pour moi, c’était une délivrance d’enfin voir la lumière au bout du tunnel.

Lorsque j’ai dit à mon entourage que je devrais avoir une autre césarienne pour donner naissance à ma fille (encore un problème de placenta), certains m’ont dit que ce serait plus facile, moins stressant, vu que c’était prévu et non en urgence. Pour moi, ça a été complètement le contraire.

Pour celles qui ignorent comment ça fonctionne, on te demande de te présenter à l’hôpital pour 7 h, même si on sait que ta place à la salle d’op est réservée pour 9 h 30. Au début, tu attends dans ta chambre, en jaquette d’hôpital sur ton lit. Vers 7 h 45, on te dit qu’il faut aller à la salle pour te préparer à ta césarienne. Tu te dis, WOW c’est rapide… Bien non. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais on te fait attendre près d’une heure sur une chaise de plastique. J’étais bien, moi, sur mon lit à «gosser» sur mon cellulaire. Seule (avec conjoint) à attendre, tu commences à penser à ce qui s’en vient. Oui au fait que tu vas bientôt rencontrer ton bébé, mais aussi au fait qu’on va bientôt t’ouvrir le ventre pour aller le chercher. Tu commences à réfléchir à toutes les complications possibles, à tout ce que tu as lu (et que tu n’aurais pas dû) sur internet.

Après presqu’une heure d’attente, tu entres seule (sans conjoint) dans la salle toute blanche avec tous les projecteurs fixés sur toi et des employés masqués et gantés qui jasent entre eux de leur fin de semaine. Alors que ton conjoint n’est toujours pas de retour, on te pique une aiguille dans la colonne vertébrale, on t’attache les bras pour que tu ne puisses pas bouger et on installe un drap pour que tu ne puisses pas voir ce qu’on te fait en bas.

Comme personne n’est stressé, tu trouves que c’est long et tu as juste trop de temps pour réfléchir. Tu commences à ne plus sentir tes jambes. Même si tu sais que c’est normal, que c’est le but de l’aiguille dans ta colonne, c’est un minimum paniquant. Tu as le temps de te dire «Et si ça ne revenait pas?» et te faire des scénarios…

Si j’avais le choix de revivre les 2 expériences… 32 heures de travail, c’est pas si pire J

Par Valérie Louise Pesant

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Homepage