Je m'en veux. Eh oui, ce sentiment de culpabilité qui s'est accroché à moi il y a quelque temps, il me pèse de plus en plus. Je me trouve très ordinaire ces temps-ci. Je ne me trouve pas une très bonne mère, parce que je dois avouer que je trouve ça dur d'être ta maman, mon cœur. En vérité, je suis épuisée physiquement et mentalement.

Rien n'est simple avec toi.

Avant même ta naissance, tu as fragilisé mon pauvre cœur. Tu nous as d'abord fait croire que tu pourrais être porteur de la trisomie 21. Puis, vers la fin de ma grossesse, ton petit cœur battait trop vite et j'ai dû me rendre à l'hôpital trois fois pour être certaine que tu allais bien. Les petits bobos de bébé sont aussi arrivés : jaunisse, érythème toxique, mammite du nourrisson, eczéma, coliques, reflux gastriques… Je sais que rien de tout ça n'est grave, mais c'est juste qu'on dirait que tu as eu absolument tous les désagréments qui peuvent accompagner un si petit bébé. Je m'inquiète toujours pour toi et mon cœur a du mal à s'y faire.

Tu es mon petit BABI, mon petit pot de colle. Je suis tout ton monde, et je te comprends, mais tu es incapable d'être ailleurs que dans mes bras, même quelques minutes. Ça a pris 6 longs mois avant que je puisse prendre une douche sans t'entendre pleurer, ou plutôt hurler pendant que j'essayais de me laver.

 

Et le dodo! Il t'a fallu 8 mois avant d'accepter de faire des siestes dans ton lit à toi. Huit longs mois à tenter de te déposer sans que tu ne t'en rendes compte, à cumuler les échecs et tenter de te rendormir pendant des heures. Dormir ailleurs, on oublie le projet. Tu as presque un an et tu te réveilles encore aux 3 heures la nuit.

En plus, tu es allergique aux arachides et probablement quelques autres trucs. Quand tu manges, je suis toujours à l'affût d'une potentielle réaction et je n'ai d'yeux que pour toi. Quand on sort, je dois vérifier mille fois si j'ai ton Epipen et le Benadryl. Je sais, ça se gère relativement bien de nos jours, une telle allergie. Mais de savoir que quelque chose d'aussi ridicule pourrait te tuer aussi facilement m'angoisse terriblement.

Je sais que je devrais pas, mais je ne peux pas m'empêcher de te comparer. Je me souviens de ton grand frère qui dormait 12 heures en ligne à 3 mois. Je regarde les bébés de mes amies qui dorment n'importe où, n'importe quand, et je les envie. Je vois toutes les familles qui vont dans n'importe quel restaurant sans stress, les gens qui font l'épicerie sans surveiller scrupuleusement les liste d'ingrédients et je les envie tous, eux aussi.

Alors oui, je trouve ça dur d'être ta maman. J'aimerais être une aussi bonne mère pour toi que je l'ai été pour ton frère. Avec lui, je te l'avoue, la vie était plus simple. Ce doit être pour ça que j'étais si relax, épanouie, joyeuse. Avec toi, je suis plus du genre fatiguée, impatiente, découragée. Je fais de mon mieux pour refouler ces sentiments, je te le jure, mais je n'y arrive pas toujours et j'en suis désolée.

La beauté de tout ça mon amour, c'est que je ne t'échangerais pour rien au monde. Je t'aime férocement. C'est sûrement ça qui rend tout ça si difficile…

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