Dernièrement, j’ai dû me rendre à l’hôpital avec mon fils de 14 mois qui fait des otites à répétition. Longue histoire courte, il avait une otite double qui avait résisté à 3 sortes d’antibiotiques et on devait maintenant lui en administrer par voie intraveineuse.

Pour se rendre à la pédiatrie de jour, il faut traverser tout l’étage de la pédiatrie. Avec ses murales de fées et de dragons, de forêts magiques, de fonds marins et d’animaux de la ferme, je qualifierais cet étage de superbe, rien de moins. Chemin faisant, je me faisais un plaisir de montrer ces œuvres géantes à mon fils, tout émerveillé dans sa poussette.

Puis, j’ai croisé des parents. Ça m’est rentré dedans comme une tonne de briques : cet endroit a beau être le plus illuminé et le plus coloré, il est loin d’être le plus joyeux. Derrière ces murs si joliment décorés, il y a des chambres. Dans lesquelles il y a des enfants. Qui sont réellement malades. J’ai vu un homme qui parlait avec un autre homme et ils avaient les yeux rougis tous les deux.

À vous deux messieurs, et aux autres mamans, papas, frères et sœurs que j’ai vus du coin de l’œil : je vous dois des excuses. Je n’ai pas pu vous regarder dans les yeux. J’en aurais perdu tous mes moyens. J’ai même osé remercier le ciel de n’être là que pour une otite. Je ne sais pas trop si c’est par égoïsme ou à cause d’un trop plein d’empathie… Je sais que si j’avais osé plonger mon regard dans le vôtre, je me serais imaginée à votre place et je n’en ai pas la force, aujourd’hui encore. J’ai préféré regarder droit devant et j’ai accéléré le pas.

Je sais que j’aurais ressenti votre douleur. J’aurais été enragée devant cette injustice, la plus grande qui soit. J’aurais vu mon fils, si vulnérable, entouré de machines. Je me serais vue craquer dès que je passerais la porte de sa chambre.

Je sais que c’est inutile de vous dire que je vous admire. Je ne vous dirai pas non plus que la vie met sur notre chemin des obstacles que nous avons la capacité de surmonter, parce que ce serait ridicule. Je ne vous dirai pas que je ne sais pas comment vous faites ou à quel point je vous trouve courageux. Parce que je sais que ce n’est pas un choix. Que c’est une question de survie, que vous ne pouvez juste pas faire autrement. Que vous vous tenez debout parce que c’est la seule chose à faire et parce que votre enfant a besoin de vous, point à la ligne.

Alors je vous dis ceci : tenez bon. Je vous envoie de la force, même si vous avez déjà. Continuez de rassurer vos enfants. Gardez espoir. Continuez à leur raconter des histoires, à leur dire que tout va bien aller, à caresser leurs cheveux ou leur joue, à leur tenir la main et à leur chanter des comptines. Vous êtes là. Vous êtes des parents extraordinaires et vous faites tout ce qui est en votre pouvoir. Même si ça ne vous paraitra jamais suffisant, c’est exactement ce qu’il faut.

PHOTO :  « MURS ANIMÉS, HÔPITAL FLEURIMONT »

One response to “Le plus coloré des corridors

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