Malgré nos désirs et nos actes, on ne contrôle pas tout. Depuis que j'avais aperçu le petit plus sur le test de grossesse, je cherchais constamment les signes que cette fois-ci était la bonne. Je notais tous mes symptômes, mes sautes d'humeur, mon grand appétit, les douleurs à la poitrine. Autant de signes qui servaient à me rassurer de la présence de ce petit être en moi.

Chaque matin, je suivais son évolution sur mon application. De la taille d'une graine de sésame à celle d'un grain de riz, il a atteint celle du Smarties. Indéniablement, mes visites aux toilettes se terminaient par un contrôle visuel du papier de toilette. Une vérification qui servait à m'assurer qu'aucune trace de sang n'était visible. Ne mentez pas, vous avez aussi fait ce geste durant les mois où vous avez porté la vie. Comme si cette absence était la confirmation que tout allait bien.

Et pourtant, un matin j'ai senti que quelque chose avait changé. J'ai senti un vide. J'ai compris que quelque chose clochait. On sent ces choses-là. J'ai tenté de me rassurer en me disant que tout allait bien et j'ai entrepris ma journée en me répétant que je devais rester positive pour que ça marche.

Et voilà! Quelques heures plus tard, je me suis retrouvée dans la salle d'attente de l'urgence de l'hôpital avec des crampes régulières, habitée d'une profonde tristesse. Cette visite a duré plus de 16 heures. Une fausse couche étant irréversible, vous comprendrez que nous sommes placés au bas de la file d’attente. De longues heures durant lesquelles j'ai su que le petit Smarties n'était plus là. Il était parti. Malgré les crampes, c'est l'immense sentiment de déception qui prenait toute la place.

Certaines ne vivront jamais la douloureuse expérience de la fausse couche et réussiront à tomber enceintes dans les premiers mois. Une chose est certaine; le désir de procréer exige un certain lâcher-prise et les premiers mois peuvent nous faire vivre un sentiment d'échec. Pour ce projet, nous devons reconnaitre que nous n'avons aucun contrôle.

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