Chères mamans arc-en-ciel, je vous écris cette lettre, au nom de toutes les infirmières en unités des naissances, au nom de tous les obstétriciens, au nom de tous ceux qui vous accompagneront pour la naissance de ces merveilleux amours. Je vous écris cette lettre dans cette période difficile pour tous et peut-être encore plus pour vous, chères femmes en attente de donner la vie.

Je sais que toute l'angoisse du monde doit se concentrer présentement dans vos tripes, je sais que votre cœur, aussi débordant d'amour qu'il soit, n'a plus de place pour encaisser les changements qui s'effectuent actuellement... La peur au ventre est une expression qui prend tout son sens dans votre corps plein de vie à naître...

Chères mamans arc-en-ciel, je vous écris cette lettre dans l'espoir de vous rassurer. Je vous écris pour vous dire que sous le masque de cette personne qui vous accompagnera, se cachera la plus grande des complices. Je sais qu'en certains hôpitaux, il n'y aura personne d'accepté pour vous accompagner, je sais aussi que tous vos rêves d'une naissance idéale sont ensevelis sous l'inquiétude et le sentiment d'être abandonnée... Je veux vous dire que derrière chaque masque que vous croiserez, il y aura le sourire d'une infirmière prête à tout pour que ce moment soit le plus beau qu'il puisse être. Je veux vous dire que derrière chaque masque, il y aura de l'empathie et probablement beaucoup plus...

Chères mamans arc-en-ciel, je vous écris cette lettre pour vous dire que vous n'êtes pas seules. Je veux vous dire que derrière chaque masque, il y aura cette équipe, ces obstétriciens, ces infirmières, ces préposés aux bénéficiaires qui feront de leur mieux pour que vous ne soyez pas seules, qui feront de leur mieux pour faire partie de votre histoire bien particulière et unique.

Chères mamans arc-en ciel, j'aimerais vous dire que chacun et chacune de nous serons là pour vous rappeler votre force, votre capacité et votre importance. Derrière nos masques, il y aura cette passion qui nous habitait déjà, mais qui grandit encore plus maintenant. Il y aura ce sentiment de vouloir vous protéger et de faire partie de votre bulle ou même de vous la laisser... Guidez-nous vers vos sentiments, car notre souhait, s'il n'en était qu'un, est de rendre votre accouchement le plus beau possible, même en ce temps de contrainte et de folie

Chères mamans arc-en ciel, dites-nous vos craintes, dites-nous tout. Nous sommes là pour vous, vous n'êtes pas seules...

Une collègue a écrit ces mots qui m'ont donné envie de vous parler, à vous toutes, nos futures mamans. Celles qui, par la force des choses, devront s'adapter plus vite et plus intensément que quiconque aurait pu anticiper. J'aimerais vous le partager pour mettre en lumière à quel point l'obstétrique devient un métier de cœur, un métier de tripes... Merci Catherine Tremblay d'avoir su mettre en mots le sentiment de plusieurs d'entre nous...

Je n’écrirai pas le nom de ce virus pour qu’il apparaisse une fois de plus dans votre fil, une fois de trop.

MAIS...

Pour une première fois dans ma vie, je resterais chez moi. C’est un peu de reculons que je quitte mon lit pour rejoindre l’hôpital. Celles et ceux qui me connaissent savent qu'être infirmière en obstétrique, ce n’est pas seulement mon travail, ça fait partie de mon identité.

Je suis une infirmière de proximité. Je n’ai jamais eu aucun problème à sentir le souffle de mes patientes dans mon visage à chaque contraction. Je n’ai jamais trouvé déplacées leurs mains qui serrent les miennes ou qui serrent mon bras, mon épaule ou mon petit bourrelet pendant les poussées. Je n’ai jamais hésité à prendre leur bébé à mains nues lorsque le temps me manquait pour mettre des gants.

Et maintenant, lorsque qu’elles arrivent, paniquées devant cette douleur, avant de pouvoir mettre la main sur leur épaule pour leur montrer que je suis là et que j’ai la situation en main, je dois leur poser une dizaine de questions.  Je dois maintenant mettre un masque. Elles ne peuvent alors pas voir mon sourire qui leur confirmerait que « ça va bien aller! ­»

J'aimerais ajouter ma voix à celle de Catherine ainsi que de tous les intervenants masqués que toi, jolie maman arc-en-ciel, tu croiseras : ça va bien aller! Tu n'es pas seule nous sommes là, je sais que tu espérais mieux, mais sache que nous y mettrons tout notre cœur et probablement beaucoup de notre âme! Sache que si l'infirmière te pose 1000 questions malgré ta douleur, c'est qu'elle n'a pas le choix. Sache qu'elle te protège et qu'elle fera de son mieux pour toi, avec tout l'amour de son métier. Sache qu'elle n'avait jamais envisagé, tout comme toi, ce temps de pandémie...

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