Ça, c’est mon accoutrement pour un temps indéterminé. Ce sont les seules mesures qui peuvent être mises en place dans mon travail. Un travail essentiel peu reconnu car il est peu connu. Je suis éducatrice spécialisée en résidence d’assistance en continu auprès d’une clientèle avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.

Ce soir, j’ai une boule dans la gorge en écrivant ces mots. Lors d’une activité avec un jeune, ça m’a frappé! J’ai vu l’incompréhension dans ses yeux lorsque je lui faisais un sourire en dessous de mon masque. Un masque que je dois porter pour le protéger. Mais ça, il ne le sait pas. Il ne sait pas et ne comprend pas toutes les procédures de prévention que je dois appliquer en arrivant pour mon quart de travail afin de le garder en santé. Malheureusement, le masque et le « scrub » enlèvent toute possibilité à ce que les usagers se sentent comme dans une maison familiale : on se croirait dans une unité spécialisée.

Ce soir, je me sens jugée parce que des marcheurs dans la rue ont pointé du doigt la résidence et nos voitures stationnées. Ce n’est pas le party dans cette résidence, loin de là! On gère deux fois plus de crises parce que nos usagers ne peuvent plus sortir pour leurs activités et leurs occupations.  Certains, c’est l’école, d’autres c’est une balade en voiture.

Ce soir, je suis triste d’entendre pour la centième fois, un jeune qui me demande s’il a de l’école demain, et ce, même si je sais que l’usager fait de l’écholalie. Pour la majorité de ces personnes, le peu qu’ils ont, ils y tiennent. Ils n’ont pas toujours la capacité de comprendre le danger de cette menace invisible.

Ce soir, en rentrant à la maison, j’ai peur. J’ai peur d’être porteuse du virus pour ma famille. La contamination communautaire est à la hausse. J’ai peur, car je mets à risque la santé de ma famille pour m’occuper des gens qui n’ont nulle part où aller ou qui n’ont personne.

Alors, si tu nous vois dans la rue avec un trousseau de pictogrammes et ce bel accoutrement là, de grâce, n’appelles pas la police pour nous dénoncer. Nos usagers vivent assez d’anxiété et de changements de personnel. Pas besoin que la police vienne faire un tour. Certains services essentiels travaillent dans l’ombre. Je n’enlève rien à ceux qu’on mentionne dans les nouvelles, mais à toi qui es un service essentiel peu reconnu, continue ton beau travail! On va s’en sortir.

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