L'urgence

Comme toutes les mères, tu souhaites profondément que ton bébé ne soit jamais malade. Soyons réalistes : c'est presque autant probable que de gagner 60 millions de dollars à la loterie. C'est encore moins probable si t'as d'autres enfants. Pis c'est encore moins probable si ces dits enfants vont à la garderie ou à l'école. Si t'es pas chanceuse, t'auras consulté avant ses deux mois. Pis si t'es chanceuse, ça peut aller jusqu'à quatre ou cinq mois. Le fait est que tôt ou tard, tu vas te ramasser à l'urgence en pleine nuit avec ton mini qui se tousse les entrailles, qui brûle de fièvre ou qui braille sa vie. Pis là, tu vas rencontrer un paquet de gens. 

L'infirmière bête: Ça c'est celle qui regarde ton bout d'chou pis qui te sors un : "y’a pas vraiment l'air malade". Tu as l'impression de la déranger. Elle te pose les questions d'usage et si t'as le malheur de répondre que tu ne sais pas, elle ne se gênera pas pour te dire que c'est inacceptable. Elle te fait sentir comme une attardée qui ne connais rien. Elle fait ses soins avec détachement. C'est à peine si elle regarde ton poupon. S'il pleure, ça n'a même pas l'air de lui faire un pli sur le nombril.

Heureusement, il y a aussi la gentille infirmière. Elle, elle va trouver le crayon le plus fluo pour distraire bébé. Elle va prendre le temps de t'expliquer. Elle va prendre le temps de t'écouter. Elle va te rassurer en te disant que t'as bien fait de consulter. Elle va traiter ton bébé avec délicatesse et attention, sans oublier que tu es dans la pièce.

Il y a les vieux tannants aussi : ceux qui veulent avoir une grande discussion. Soyons clairs : t'as rien contre les aînés mais la ça fait une semaine que tu ne dors pas, que ton bébé te morve dessus, que tu utilises à outrance le Tylenol et le Tempra, que tu entends brailler dans tes oreilles. Leurs histoires te tentent plus ou moins.

Il y a aussi les envahissants: ceux qui veulent toucher ton bébé. Ceux qui te demandent quel âge il a, est-ce que c'est ton premier, quel âge ont les autres, qui retouchent ton bébé, qui demandent si t'en veux d'autres, si tu allaites, qui retouchent ton bébé. Ya quelque chose qu’ils n’ont pas compris ou quoi? Il y a des microbes sur vos mains.

Il y a les dormeurs : ceux qui ont la tête penchée sur le côté où vers l'arrière et qui ronflent. Ils sont bien, ils ne te dérangent pas. C'est parfait.

Il y a les bambins : ceux qui courent partout en chignant, avec leur mère qui essaie de les suivre avec un gobelet, une doudou, un toutou, une collation, un manteau.

Il y a les impatients : ceux qui retournent voir la secrétaire ou l'infirmière 850 fois pour savoir combien il reste de personnes devant eux. Ils font de grands soupirs. Ils font des jeux de mots plates sur le fait qu'on nous appelle patients et qu'il faut être patient. Ils chialent sur le poste de télé. Ils ont trop chaud et trop froid.

Il y a tes textos aussi : un papa aussi ça s'inquiète. Il pense donc qu'en te textant aux 10 minutes tu auras une grosse nouvelle à lui annoncer. Ta mère aussi veut savoir comment va bébé. Et peut-être même ta sœur. Même si t'as dit à tout le monde que tu allais leur dire s'il y avait du nouveau. 

Finalement vient le médecin. Celui qui met fin à l’attente. Celui qui va guérir ton bébé!