Dehors, c’est la folie, c’est irréel. Des gens sont gravement malades et d’autres meurent. Certains trouvent ça inquiétant alors que d’autres préfèrent ne pas trop y penser. Moi, je respire.

Des gens sortent masqués. Des gens désinfectent tout, partout et tout le temps. Certains jugent ceux qui ne le font pas alors que d’autres ridiculisent ceux qui le font. On fait des chasses aux arcs-en-ciel, on écoute le gouvernement qui s’adresse à la population quotidiennement. On en parle, on le lit, on l’écrit : ce virus est partout. Moi, je respire.

Ce n’est pas un printemps comme les autres et ce ne sera pas un été comme les autres non plus. Nos plans changent et nous n’avons pas d’autre choix que de l’accepter. Je pourrais être déçue, fâchée, apeurée, triste et plus encore. À la place, je respire.

Pour une fois, je suis obligée de prendre le temps. Plus de cerveau qui roule pour tout et pour rien. Plus de course effrénée dans le vide. Ma seule obligation est de faire mes heures pour le travail, dans le confort de ma maison. À part cela, il me faut simplement vivre. Vivre avec mes petits et mon homme, collés dans notre petit cocon, avec toute la chance du monde de bien aller. On bouge et on prend l’air. On construit et on bricole. On danse et on créer. Nous sommes confinés ensemble dans une belle bulle.  Malgré les inquiétudes, malgré les émotions en montagnes russes et malgré la grosse vague d’incertitude qui nous envahie, on respire.

Aujourd’hui, j’en profite. Car je sais qu’un temps viendra où nous devrons quitter cette bulle et ce sera certainement déchirant. J’ignore ce que l’année à venir nous réserve, mais je jure de tout faire pour conserver des petits bouts de ce cocon. Quand la course effrénée reprendra et quand mon cerveau recommencera à rouler en fou, je fermerai les yeux et je me rappellerai notre bulle. Je m’y reporterai autant de fois qu’il le faudra pour en ressentir encore et encore les nombreux bienfaits.

Parce qu’il n’y a pas juste des mauvais côtés à ce que nous vivons et parce que nous choisissons sur quoi poser le regard. Sans dénier la situation, choisissez de respirer.

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