« Schoolbag in hand, she leaves home in the early morning

Waving goodbye with an absent-minded smile »*

Le jour où j’ai appris que tu t’étais niché au creux de mon ventre, j’ai écouté cette chanson de ABBA, sur repeat, lors d’un aller-retour Montréal-Québec. Une chanson qui parle du temps qui passe, des enfants qui deviennent grands... Même si j’étais encore à 8 mois de faire ta rencontre et de réaliser à quel point tu deviendrais mon univers, j’avais l’œil humide à l’écoute de ces paroles.

La petite bestiole fragile à laquelle j’allais donner naissance, la seule personne pour qui, dans ma tête du moins, j’aurais vraiment de l’importance, et bien, elle allait me quitter un jour. Déjà, je comprenais que tu ne m’appartiendrais jamais, que je n’allais être qu’une personne parmi tant d’autres sur ton chemin. Que chaque minute qui allait s’écouler en ta présence serait un pas de plus vers ton autonomie…

Ces mots que je me plaisais à fredonner ont pris tout leur sens ce mois-ci, alors que nous vivions notre première rentrée scolaire ensemble.

Je t’ai accompagné à l’école avec ton sac à dos trop grand pour toi, rempli de tous tes questionnements et tes appréhensions. Voir ton petit corps traverser les 2 grandes portes était comme un point de non-retour, le début de la fin. Je sais, ça sonne un peu lourd, mais je le « feelais » comme ça; je commençais à te perdre tranquillement…

En un mois, j’ai l’impression que tu as vieilli d’un an. Toi qui n’a jamais eu cette phase du je-suis-capable-je-vais-le-faire-tout-seul, te voir soudainement accueillir ce nouveau départ avec toute cette assurance me remplit de fierté. Mais en même temps, je me sens aveugle, aveugle de ton quotidien : je peux percevoir les grandes lignes, mais jamais je n’aurai la vraie image de ta nouvelle vie. Celle que tu vas te créer à ton image, bâtir, subir parfois…

C’était vrai ce qu’elle disait cette chanson : le temps nous file entre les doigts. Tu étais petit. Tu deviens, peu à peu, un peu plus grand.

« Sometimes I wish that I could freeze the picture

And save it from the funny tricks of time

Slipping through my fingers »*

*Paroles tirées de la chanson Slippingthroughmyfingers écrite par Björn Ulvaeus et Benny Andersson, du groupe ABBA.

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