Difficile de trouver les mots assez forts pour décrire comment je me sens, ce que ça représente pour moi et ce que ça me fait vivre. Je suis certaine que plusieurs d’entre vous comprendrez ce que je veux dire et pour d’autres, je serai peut-être folle ou simplement incomprise. Chaque instant où je croise un ventre bien gonflé, que j'apprends une nouvelle heureuse pour une autre, que je vois des images d'accouchement ou de petits bébés, mon cœur se serre, une boule dans la gorge se forge et je dois attendre quelques minutes pour que la normalité revienne.

Comment devrions-nous nous sentir le jour où nous savons que nous n’aurons plus jamais de petits bébés, que nous ne vivrons plus jamais de grossesse, que nous n’aurons plus jamais la chance de pousser la vie ? Moi, c'est ce que ça me fait... une sorte d’envie, de jalousie de ne plus jamais pouvoir porter la vie, de ne plus avoir la chance de bien vivre un accouchement, de me sentir bien avec mon corps, d’être heureuse d’avoir un ventre rebondi, de le flatter doucement tout en m’imaginant ce petit être qui arrivera un jour, qui poussera son premier cri pour nous dire comment il est en vie et combien il sera aimé.

Ayant eu une troisième grossesse après l’accouchement traumatique de mon fils, je croyais au départ que celle-ci me rendrait plus zen, que je vivrais mieux cette chance... Tout au long de cette grossesse, j’ai été stressée, angoissée de revivre la même histoire. Mon petit hamster roulait sans cesse, même si je savais que ces craintes étaient en quelque sorte irrationnelles... Même si je faisais tout pour bien me préparer à son arrivée, j'étais incapable de profiter de ma grossesse de peur de la perdre, de ne pas me rendre à terme. Je n’ai malheureusement pas été en mesure de bien la vivre et d’en profiter amplement. Peut-être est-ce à cause de tout ce stress que ma petite dernière a décidé de se virer en siège (la maususe) à 37 semaines de grossesse. Et que malgré les tentatives naturelles de la faire se retourner, aucune technique n’était rendue sécuritaire pour lui faire faire la culbute, car il n’y avait plus de liquide amniotique. Eve est donc née, elle aussi, par césarienne, mais heureusement, celle-ci a été planifiée. Je n’ai donc pas eu à revivre la même histoire qu’avec mon fils... J’ai pu la tenir sur moi dès qui l’ont sortie, je n’étais pas seule dans cette salle froide, blanche avec les spotlights... Mon conjoint était a mes côtés, ils ont déposé ma fille sur moi. J'ai quelques photos de nous deux quelques instant après sa sortie. Je demeure quelquefois un peu amère de ceci, j’aurais tellement souhaité l’avoir naturellement, je souhaitais vivre cet accouchement en entier afin de peut-être me réconcilier avec le passé.

Je disais justement à une amie qui a eu un petit bébé dernièrement comment elle était chanceuse. Quand je me suis entendue dire ça, je me suis trouvée drôle (dit sur un ton sarcastique)... moi qui ai déjà 3 merveilleux enfants en santé, pourquoi ai-je dit cela ? Heureusement, connaissant mon histoire, elle a bien compris ce que je voulais dire par là. Le temps file, on ne voit rien passer. On ne peut revenir en arrière pour réparer le passé, on peut seulement tenter d’agir sur le présent pour que le futur soit meilleur. Il est fort probable que ma famille soit terminée... à moins d'un miracle ou presque ! Ainsi, je tente de porter attention à tous les petits détails de leur enfance, de leur innocence, de leur joie de vivre et de leur amour inconditionnel afin de ne pas me sentir amère face à ce que j'aurais pu faire autrement. Ce deuil de la maternité est difficile à faire passer, même si avec le raisonnement, je me dis être déjà chanceuse d'avoir pu connaitre ceci et avoir trois merveilles à border chaque soir. J’adore prendre des photos, j’imagine que cette passion me vient un peu de cette peur d’oublier... En immortalisant ces moments, jamais je ne pourrai oublier.

Suzie

3 responses to “Pour une dernière fois...

  1. Waouh!! Comme je me retrouve dans votre temoingnage...Pour moi aussi c'est terminé les grosses, le bidoui qui enfle au fil des semaines, les petites vagues faites par bébé...
    C'est ce qui me manque le plus, sentir bébé grandir et bouger en moi.
    Et mon plus grand regret c'est de ne pas avoir su accoucher naturellement. Mes césariennes même prévue m'attriste.

  2. Moi je suis une mamie de 65 ans ( bientôt). J' ai eue 3 enfants dans 3 1/2ans. Pour vous dire comment j' aimais être enceinte et même , oui oui, accoucher. À chaque contractions, je me disais que ça me rapprochait de notre bébé. Encore aujourd' hui , tout comme toi, j' envie les femmes avec un beau bedon, portant fièrement leur bébé en production. Comme j' aimerais avoir encore le plaisir de me voir avec un beau bedon qui fait des secousses pour me dire je suis là, et je te fais un coucou.Après ma dernière(3 ans après), on m' a enlever ce qui me permettait d' avoir des bébés, c' est-à dire mon utérus. Nous n' en voulions plus , mon mari avait fait faire la vasectomie. Mais là , je devais faire un deuil de ne plus être un nid pour enfant. La joie de la maternité, j' espère la revivre dans une autre vie. On ne s' y fait pas toujours de ne plus porter nos enfants, j' en suis lam preuve vivante et je vous comprend. Bonne continuité et choyer vos enfants d' amour, c' est ce qu' ils ont le plus besoin. Et en passant ma fille m' a fait mamie de 3 beaux enfants, que j' adore ( 16-13-9 ans ).J' en prend un soin jaloux .
    Diane Bastien xoxoxoxo

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